vendredi 14 octobre 2016

Courir à 10 km/h pendant 24 heures : possible grâce aux lipides !

Préambule

En arrivant avec Serge, l'entraîneur de mon nouveau club « Running 92 » (mais je connais Serge depuis quelques années), qui me fait l'honneur de venir faire mon assistance (ça sera son premier 24 heures en fait) à Vierzon vendredi après-midi pour retirer mon dossard (N° 268), j'ai quelques certitudes, mais surtout beaucoup de doutes. En plus, Serge n'a pas arrêté de répéter au club que j'étais fort sur 24 heures, je n'ai donc pas intérêt à « bâcher »...

Déjà ma présence à Vierzon n'est due qu'à mon échec à atteindre 216 km à Champigneulles en Juin dernier (214,9 km...). Mais la suite montrera que c'était un mal pour un bien, et je peux maintenant remercier Philippe, au lieu de le maudire, d'avoir élaboré ce parcours bosselé et surtout boueux grâce à la pluie abondante... ! En effet, si j'avais atteint les 216 km (qualification directe pour le Spartathlon 2017) en Lorraine, je ne serais pas venu sur les quais du Cher, mais j'aurais plutôt participé aux 100 km de Millau ou d'Amiens. J'avais également envisagé Amiens pour tenter les moins de 8 heures (là aussi, qualification directe pour le Spartathlon), et même orienté mon entraînement en ce sens jusque mi-Août, mais je me sentais très limite pour cet objectif, donc retour à du spécifique 24 heures pour « assurer » ces fichus 216 km.

Ma hantise était ce problème de cheville survenu fin Août (après les 100 km de Theillay), j'avais du beaucoup alléger l'entraînement pendant 10 jours, et même si depuis je n'avais pas eu de douleur à ce niveau, je craignais que cela ne revienne au bout de X heures de course.

Un autre sujet d'incertitude était le dos, car aussi bien à Vierzon il y a deux ans qu'à Champigneulles cette année, j'avais fini à la marche car les dorsaux avaient lâché (c'était même spectaculaire à Champigneulles). Je pense que c'est du à la répétition de mauvais appuis sur un circuit avec de mauvaises conditions (pluie) où à chaque fois j'avais cherché à éviter de trop mettre les pieds dans l'eau. Je n'ai pas ce soucis sur les courses en ligne comme le Spartathlon.

Enfin, la grosse nouveauté c'est mon changement d'alimentation depuis début Juillet. J'avais commencé quelques semaines avant Champigneulles à m'intéresser à l'alimentation LCHF, en lisant les articles de Philip Maffetone (qui a entre autres entraîné Mark Allen), j'ai ensuite commandé un de ses ouvrages. Je ne savais pas trop ce que ça pourrait donner sur une durée de course aussi longue.


Entraînement – Alimentation

Pour résumer mon entraînement depuis les 24 heures de Champigneulles, (les 11 et 12 Juin), j'ai repris le week-end suivant pour monter en charge tranquillement jusque fin Juin, puis j'ai profité de 10 jours en Crète début Juillet pour faire des bornes à faible allure avec dénivelé et chaleur tout en débutant le LCHF (abréviation en Anglais pour « Low Carb – High Fat » ce qui signifie pauvre en glucides et riche en lipides, soit exactement le contraire de ce qu'on préconise habituellement pour les sportifs d'endurance...), ce qui était propice avec l'alimentation locale. J'ai divisé mes apports en glucides par 4 ou 5, passant de ~400/500 grammes par jour à ~100 grammes, ce qui peut sembler beaucoup pour les puristes (sédentaires) du LCHF, mais ce qui est peu compte tenu de ma pratique sportive. Concrètement, cela signifie d'arrêter de manger du riz blanc, des pâtes, des pommes de terre, tout ce qui a un goût sucré (sauf les fruits pas trop sucrés), et en général tous les aliments transformés. Je conserve tout de même une petite portion de riz complet, lentilles, ou autre légumineuse au déjeuner. En contre partie, je mange davantage de légumes, de poissons gras (saumon, hareng, sardines, …), beaucoup d'œufs, de fromages (brebis et chèvre surtout), d'avocats, de noix, et même de la charcuterie artisanale. Tout ça avec pas mal d'huile d'olive, de beurre, ou de crème fraîche. Je mange aussi de la viande, mais pas plus qu'avant. Coté boissons, j'ai la nette impression que je bois moins d'eau qu'avant (sans doute que la moindre quantité de glycogène nécessite moins d'eau pour se reconstituer). Je bois régulièrement du vin rouge (un ou deux verres), et souvent une bière après l'entraînement.

J'ai commencé à ajouter des séances de côte et de vitesse rapides, mais sur des durées très courtes (10 à 20 secondes), et avec des récupérations complètes (2 minutes et plus). Le but de cette première phase est de travailler l'endurance et la force sans faire monter le cardio, quitte à marcher dans les côtes trop pentues. Je suis ce principe depuis plusieurs années, mais là j'ai été plus strict, suivant en cela les préconisation de Philip Maffetone (au niveau de l'entraînement, sa philosophie est proche de Cottereau), faisant attention à ne pas dépasser 75% FCM, 80% grand maximum ponctuellement en côte. J'ai effectué 3 sorties longues à jeun en Crète, et j'ai été bluffé par la façon dont mon corps s'est rapidement mis à être performant pour utiliser les lipides durant ces efforts à basse intensité. En effet, si durant la première SL, j'ai du, comme à mon habitude, commencer à m'alimenter régulièrement au bout de 2h30 après un début d'hypoglycémie, lors de la seconde, je n'ai pris qu'une bière pour plus de 4h de course, et sur la troisième, j'ai tourné uniquement à l'eau sans aucune baisse d'énergie durant 4h30 (43 km d'un parcours bien vallonné sous la chaleur). C'était vraiment spectaculaire et motivant pour poursuivre dans cette direction.

Mi-Juillet, j'ai commencé à ajouter de l'endurance aérobie (bas de la résistance douce, vers 80% FCM), c'est assez pratique et efficace de courir à la FC ou aux sensations quand il fait chaud, plutôt que de vouloir maintenir une certaine vitesse. À ce moment, je courais aussi mes sorties longues à allure 100 km (proche de 75% FCM), ayant dans l'idée de m'entraîner pour les 100 km d'Amiens. Fin Juillet, je suis monté en intensité avec de l'allure marathon (vers 85% FCM), et un peu de seuil anaérobie (proche de 90% FCM), c'est là que j'ai commencé à avoir des soucis que je n'avais pas d'habitude, même sur des séances de seuil de faible volume : au bout de 4 ou 5 km cumulés à cette allure, je n'avais plus d'énergie. J'ai peu à peu résolu le problème en utilisant une boisson énergétique faiblement dosée avant et pendant la séance, mais je n'ai jamais fait de grosses séances de ce type pour ne pas risquer de m'épuiser. J'ai fait pas mal de séances de « lactate shuttle », consistant à alterner des portions de 3 minutes environ au seuil anaérobie et aérobie (la moyenne étant plus ou moins de l'allure marathon), ce qui est très efficace pour améliorer l'endurance en jouant sur le recyclage des lactates (je n'ai pas encore trouvé plus efficace comme séance en termes de ratio profit / difficulté).

Mi-Août, suite à une sortie longue test sur un marathon (en 3h17) le long du Canal de l'Ourcq / Parc de la Poudrerie, accompagné par Jean-Jacques à vélo, j'ai décidé de laisser tomber mon objectif 100 km car je m'estimais trop juste pour tenter 7h59 (avec le recul, je pense que c'était jouable car j'ai progressé entre-temps). J'ai un moment pensé à participer aux 24 heures d'Albi, mais j'ai rapidement opté pour Vierzon car c'était plus près et en même temps qu'Amiens ce qui ne changeait pas ma préparation, sauf les sorties longues à ralentir et à rallonger. De plus je pensais que c'était la dernière édition de Vierzon à laquelle je pouvais participer, vu que je croyais à ce moment là que la dernière serait en 2017 à l'occasion des France de 24H. Et que je n'y serai pas si j'allais au Spartathlon (je n'ai appris que récemment que ça n'était qu'une rumeur et que les 24 heures de Vierzon continuaient au moins jusqu'en 2018...). Je me suis donc inscrit aux 100 km de Theillay pour, malheureusement, la dernière édition (c'est la 6e fois de suite que je cours ce 100 km, et toujours en préparation, soit des 24 heures de Vierzon, soit du Spartathlon).

Samedi 27 Août, j'ai terminé Theillay facilement et m'en m'alimentant assez peu grâce au LCHF, juste sous les 10 heures, ce qui est un peu lent pour mon allure de départ 24 heures, mais il faisait très chaud (37°C), et j'ai levé le pied sur la seconde partie. Par contre, le lendemain, j'ai ressenti une douleur à la cheville droite. Il faut dire que j'ai couru ces 100 km avec des chaussures n'ayant plus beaucoup d'amorti (une technique pour renforcer muscles et tendons), mais ça n'était pas très malin car vu la chaleur mes « runnings » ont rendu l'âme. Vu que ça n'était plus qu'une gêne le mardi suivant, je suis allé courir, mais en moins d'une heure ça a gonflé (un bon centimètre sur le diamètre) et je boitais le lendemain. En regardant sur internet, la plupart des symptômes du syndrome des loges y étaient, je ne donnais pas cher de ma participation aux 24 heures à ce moment là, ni même de la suite de la saison... Je décidais alors de couper le temps qu'il fallait pour ne plus avoir aucune gêne à la marche, et j'ai recouru 15 km le dimanche suivant, c'était beaucoup mieux mais une légère douleur est réapparue sur la fin. Finalement tout est rentré dans l'ordre quelques jours plus tard, et j'ai pu faire quelques sorties longues, dont une de 6 heures sur les bases de 9 heures au 100 km sans soucis et avec une grande facilité, 3 semaines avant le 24 heures. De même pour les quelques séances un peu « intenses » que ce soit de résistance douce ou de vitesse. J'ai néanmoins attendu le dernier moment avant l'augmentation de tarif pour m'inscrire. J'ai diminué progressivement le volume d'entraînement sur les 3 dernières semaines tout en conservant un peu d'intensité.

Mon volume kilométrique a été de 554 km en Juillet, 489 km en Août, et 437 km en Septembre (soit à peine plus de 110 km par semaine de moyenne sur cette période de charge). Au regard du kilométrage que s'envoient certains à l'entraînement (200 km est plus par semaine), cela peut sembler peu vu mes objectifs, mais ma conviction est de plus en plus qu'il ne faut pas trop en faire, mais le faire bien, et surtout au bon moment ! J'aurais tout de même souhaité effectuer un peu plus de volume en intensité (résistance douce essentiellement), mais mon apprentissage au niveau du LCHF a calmé mes ardeurs, ce qui n'est peut-être pas plus mal, le mieux étant l'ennemi du bien. Par contre au niveau volume en endurance et séances de vitesse / côtes, j'ai pu faire ce que je voulais sans soucis. Je n'ai bien entendu effectué aucune séance de VMA, et je n'ai même guère dépassé le seuil (90% FCM) au niveau intensité cardio, ce que je ne regrette pas. Par contre, en cumulant les portions rapides de mes séances de vitesse, j'ai couru plusieurs dizaines de km à plus de 20 km/h.

Je suis donc arrivé très frais à Vierzon, en ayant retrouvé le même niveau que l'an dernier avant le Spartathlon, voir un peu mieux, malgré une préparation plus légère. En fait ma FC variait de 65% FCM à 11 km/h à 90% FCM à 16 km/h, soit juste 5% de plus par km/h, et ceci d'une façon quasiment linéaire. Un des avantages de l'alimentation LCH, c'est gain de poids de forme de 2 kg, ce qui n'est pas négligeable en passant de 59 à 57 kg, alors qu'avant, je commençais à manquer d'énergie sous les 59 kg. J'ai un peu augmenté mes apports en glucides durant les 3 jours précédant la course, mais pas plus de 300 grammes par jour je pense, ce qui m'a semblé beaucoup vu mes nouvelles habitudes. L'idée est de recharger les muscles en glycogène sans impacter ma nouvelle capacité à bien oxyder des lipides. Pour être honnête, je ne sais pas si ça sert à grand chose, et même si ça n'a pas plutôt un effet négatif. Le vendredi soir à la pasta, j'ai apporté mon repas : un avocat, deux œufs durs, du tofu, du riz complet, du fromage, et une banane. Sans oublier un verre de vin rouge (et une bière avant).
Pasta party (crédit photo : Serge Milon)
Objectifs

S'il est clair que mon objectif minimum est d'atteindre les 216 km (c'est la dernière occasion avant l'inscription pour le Spartathlon 2017 qui se fait en Janvier / Février, sinon je devrai m'en remettre au tirage au sort n'ayant pas atteint cette marque en 2015 et en 2016), ma forme m'autorise à viser un peu plus haut, pour passer la barre des 230 km, et ainsi améliorer ma meilleure marque sur le double tour d'horloge (227,645 km) établie ici même dès ma première tentative (coup de bol comme souvent en ultra quand on a pas idée de ce qui attend). De plus les conditions vont être favorables : soleil avec 16°C le jour et 4°C la nuit, un peu frais avec du vent de prévu, mais cela reste quasiment idéal par rapport à mes trois derniers 24 heures ! Au vu de ma forme et de la météo, j'envisage de partir à 11 km/h pour passer le marathon en 3h50, les 100 km en 9h10 / 9h15, puis les 12 heures avec 128 / 129 km (si tout va bien), avant de commencer à gérer la perte de vitesse, et de moduler l'objectif en fonction de mon état (216 km en passant avec 128 km à mi-course, c'est « seulement » 88 km à faire sur les 12 dernières heures, soit guère plus de 7 km/h). Je ne m'occuperai pas des autres concurrents, hormis éventuellement sur la fin, une fois les 216 km assurés. De plus ce départ rapide, s'il n'est pas optimal pour viser 230 km, laisse la porte ouverte aux 240 km, objectif rêvé de nombreux circadiens : courir pendant 24 heures à plus de 10 km/h de moyenne.

Au delà des kilomètres, le but est de me faire plaisir et de vivre le mieux possible la course, en étant le plus facile possible le plus longtemps possible, et en finissant en étant toujours en capacité de courir. Au niveau des tests, il s'agit de voir ce que va donner l'alimentation LCHF sur une durée de course aussi longue, et si les apports que j'ai prévus en course seront suffisants durant 24 heures, ou s'il faudra que je m'alimente davantage dans la nuit. Jusqu'à présent, j'ai toujours subi une nette baisse de régime au bout de 15 ou 16 heures de course : saturation au niveau digestif, un relatif confort étant retrouvé en diminuant nettement les apports énergétiques, mais au prix d'une nette baisse d'énergie et donc d'un ralentissement sensible. Je buvais aussi beaucoup la nuit, ce qui occasionnait de très nombreuses poses techniques ainsi que de la rétention d'eau. Je suis donc curieux de voir ce qui va se passer (ou pas) dans un sens positif (ou négatif).


Alimentation et hydratation en course – Logistique

Avant de tester le LCHF, je prenais environ 200 Kcal répartis en 4 ou 5 prises par tranche de 10 km (j'avais même commencé à 250, ma tactique initiale étant de m'alimenter le plus possible pour fournir le plus d'énergie possible). Suite aux différents tests effectués à Theillay et en sortie longue (à 100 Kcal par 10 km), je décidais de partir sur ~120 Kcal par 10 km craignant de manquer un peu de jus dans la nuit, soit 100 Kcal fournis par de la boisson énergétique, et le reste par quelques morceaux de banane plus quelques verres de bière aux kilométrages clé (100, 150, 200, et 216 km).

J'utilise deux boissons énergétiques : une boisson sucrée : « Isostar energy sport drink, orange flavor » qui a remplacé « Isostar long distance, goût orange » (en fait c'est exactement la même chose dedans, on arrête pas le progrès...), et une boisson salée : Nutrarécup légumes qui a le goût de la soupe au potiron. Ces deux boissons contiennent un dosage classiques de glucides à IG élevé et de glucides à IG bas (maltodextrine). En plus, Nutrarécup contient des protéines (dont des BCAAs) et davantage de sodium, j'ai d'ailleurs rajouté un peu de sel dans la boisson sucrée qui en contient trop peu, même si vu la température ça ne devrait pas être un problème. Je me suis promis d'arrêter ces « cochonneries » de boisson d'effort, mais de par le coté pratique du conditionnement, et surtout par volonté de ne pas tout changer d'un coup (ça fait plus scientifique que d'écrire par flemme...), j'ai préféré les conserver lors de mes sorties tests, et je ne vais pas changer ça le jour de la course ! Il faudra vraiment que je m'y mette dès cet hiver lors de mes sorties longues. Bon, vu que je vais en prendre deux fois moins, c'est déjà un progrès !

Pour faciliter le travail de Serge, je prendrai un porte bidon (bidon de 600 mL), celui que je prends sur des courses en ligne comme le Spartathlon. J'ai préparé 25 sachets de 25 grammes chacun (soit environ 100 Kcal par sachet). Un sachet est prévu pour 10 tours (donc 10 km). J'ai 3 bidons ce qui permet d'en préparer au moins un à l'avance en fonction de ce que je souhaite (sucré ou salé) et laisse près d'une heure à Serge pour prendre des photos, aller manger, etc... J'appliquerai la méthode Cyrano dès le départ : je compte boire 1/5 du bidon tous les deux tours en marchant environ 40 secondes à partir de ma table de ravitaillement. Je prendrai de temps en temps un morceau de banane et/ou un verre de Saint-Yorre si je ressens le besoin de manger ou de boire un peu plus. Cela me donne une autonomie totale de... 260 km, compte tenu que je ne mettrai que de l'eau dans le premier bidon afin de bien finir la digestion du petit déjeuner, même très léger. La panoplie est complétée par une ceinture porte-dossard.

Coté chaussures, je reste fidèle aux Asics Noosa Tri, et j'ai des Asics GT 2000 en réserve pour avoir davantage d'amorti au cas où. Pour les vêtements c'est du classique avec divers maillots manches courtes et longues, des deuxièmes couches plus chaudes, des coupe-vent, deux paires de gants, un bonnet, un bandeau pour les oreilles, une écharpe, des shorts longs, et un collant. Le plus gros du textile c'est des maillots récupérés sur des courses ou du D4 de base.

Comme d'habitude, je ne prévois absolument rien au niveau infirmerie : soin des ampoules, bande élasto, … Et encore moins au niveau « médical », même pas de cachets de sporténine, ni d'aspirine. Je ne prends aucun complément alimentaire tout au long de l'année, ça n'est pas pour commencer le jour de la course !

J'ai configuré ma montre en désactivant le GPS (pour avoir assez d'autonomie), et en affichant un seul écran avec quatre informations : le numéro du tour, l'heure, la chrono, et le temps au tour. Ainsi, vu que le circuit mesure 1 000 mètres pile, j'aurai le temps au km à la fin de chaque tour. De plus, je saurai quand me ravitailler sans avoir à réfléchir : si le numéro du tour est pair, car au bout d'un certain nombre d'heures on ne sait plus trop ce qu'on a fait lors du précédent passage aux stands. Bon ça m'étonnerait que je n'oublie pas de « lapper » des tours durant 24 heures, mais au moins ça devrait aider sans avoir à solliciter Serge.
Plan du circuit (source : organisation COUC)
Avant le départ

Après une bonne nuit, je me réveille vers 7h30, et je mets un peu de gel sur tous les points de frottement, sauf au niveau des pieds où je ne fais aucune préparation spéciale, juste bien tailler les ongles. Nous partons ensuite pour un petit déjeuner très léger pour moi (un café, une tartine beurrée, et une banane). Nous partons ensuite pour organiser un peu les affaires à la table de ravitaillement, et je briefe un peu Serge sur ce qu'il aura à faire.
Essai chaussures de rechange avant le départ (crédit photo : Serge Milon)
C'est aussi l'occasion de retrouver quelques connaissances : coureurs ou membres d'équipes d'assistance. Puis, 20 minutes avant le départ, tout le monde part en direction de la mairie de la ville, située à un peu moins d'un km du parc des expositions où est situé le circuit. J'opte pour un t-shirt manches courtes, des manchons (offerts à l'arrivée du 100 km à Theillay), et un coupe vent léger sans manches. Après quelques photos, Monsieur le maire donne enfin le coup de feu libérateur à 11 heure pétantes !
Top départ, entre Daniel Terranova et Franck Milon (crédit photo : Serge Milon)

100 km en 9 heures pile

Le parcours de liaison jusqu'au circuit est globalement en légère descente, et le rythme est assez tranquille, il semblerait que personne n'ose partir seul devant. Après avoir failli nous tromper de chemin, nous arrivons sur le tapis de chronométrage à l'entrée du hall : premier lap en moins de 5 minutes, oops... En fait cette liaison faisait moins d'un km (887 m précisément), ce qui fait que le nombre de laps à ma montre est un peu supérieure (de 113 m) au nombre de km parcourus, mais la différence deviendra négligeable au fil des heures.

Les premiers tours c'est juste pour se mettre en route et bien repérer le terrain, même si je le connais déjà, vu que c'est ma 4e participation, mais deux virages ont été supprimés par rapport à 2014, ce qui est un avantage quand on sait ce que coûtent les appuis en courbe et les relances au fil des heures. Les seules petites difficultés sont les deux virages à gauche : un pour descendre sur le chemin bitumé à l'extérieur du parc des exposition, l'autre pour remonter dans le parc au bout de ce chemin. Le parcours est totalement bitumé, avec un bon revêtement, et les bénévoles ont impeccablement balayé le moindre gravillon, et je n'aurai pas une seule fois à m'arrêter pour enlever un cailloux d'une chaussure, chapeau ! Sur les 1 000 m du circuit, il y a environ 150 m abrités et avec du béton au sol dans le hall en deux passages, dont un avec le chronométrage et les tables de ravitaillement.

Nous sommes trois à l'avant de la course : Sébastien, sur le 2 x 6 heures, qui a prévu de s'arrêter au bout de 4 heures, car il est inscrit aux 24 heures d'Albi dans deux semaines, Daniel souvent adepte des départs rapides, et Christophe Laborie, coureur plutôt spécialiste des 6 jours.
Début de course avec Sébastien et Christophe (crédit photo : Serge Milon)
Il fait frais, mais pas froid en ce début de 24 heures, et je préfère rester bien couvert, d'autant plus que le soleil ne daigne pas encore se montrer. La première heure file vite et le cycle des ravitaillements s'installe : je marche tous les laps pairs à partir de ma table de ravitaillement, et jusqu'au début du virage suivant, soit plus ou moins 40 secondes. Pour le moment je n'ai pas oublié d'appuyer sur le bouton « lap » de ma montre à chaque passage sur le tapis de chronométrage. Nous reprenons rapidement les derniers concurrents qui font la course intégralement à la marche. Je ne tourne qu'à l'eau sur ces 10 premiers km. Pour le moment je m'applique à être le plus facile et relâché possible, sans trop me préoccuper de l'allure qui ne devrait pas être trop éloignée de ce que je pratique à l'entraînement, voir un peu plus lente sur les premiers kilomètres. En fait, vu que le tour fait pile 1 km, je ne peux m'empêcher de voir mon allure en bipant, et ça n'est pas vraiment le cas, car les km sont plutôt vers 5'30'' pour ceux avec la portion de marche, et vers 5'15'' pour les autres. Il faut vraiment que je pense à ralentir un peu, on verra ça un peu plus tard. Les 11 km (ou plutôt les 10,887) sont passés en 58'15'', mon chrono est calé à la seconde près avec l'horloge digitale du chronométrage, ça fait plaisir.

J'hésite à faire encore les 10 prochains km encore à l'eau, et finalement, de peur de manquer, j'opte pour la boisson énergétique sucrée comme prévu. En fait avec le sel que j'ai rajouté, elle a un petit goût salé, ce qui n'est pas désagréable. Juste après la bosse, il y a un point d'animation car Étienne a garé sa voiture là, le coffre ouvert juste au bord du circuit, pour y placer son ravitaillement personnel pas trop réglementaire : un fût de bière, impressionnant de par son volume, qui lui tient lieu de boisson énergétique unique ! Il en proposera généreusement à tous les concurrents tout au long de ces 24 heures, mettant beaucoup de bonne humeur sur le circuit. Au bout d'un moment, je laisse partir Sébastien qui semble vouloir aller un peu vite pour moi, sachant que je vais déjà trop vite, le tour le plus rapide sera même effectué à ce moment là, soit 5'03'' pour un km. Serge se déplace en différents points du circuit pour nous immortaliser avec son appareil. Les presque 22 km sont atteints en 1h56, toujours aussi vite.

Christophe qui courait avec moi jusque là me laisse filer, il accompagnera désormais Christine David qui terminera 2e féminine de l'épreuve. Le soleil fait une timide apparition et j'enlève mes manchons (vraiment une bonne idée de les avoir pris par rapport à mon habitude où je perdais du temps à me changer pour enfiler un maillot manches longues). J'ai même dépassé Sébastien suite à une pause technique. D'ailleurs je progresse à ce niveau, car je n'ai du m'arrêter qu'une ou deux fois pour me soulager la vessie depuis le départ. J'ai du attaquer les bananes à ce moment là, mais juste de petits morceaux, et peu fréquemment. Sébastien ne me rattrape pas, et même je lui prends un peu de terrain car je ré-accélère imperceptiblement. 34 km en 3 heures pile, j'ai effectivement légèrement augmenté l'allure.
35e tour (crédit photo : Serge Milon)
Je passe le marathon en 3h44 (en fait 3h42 au 42e tour), soit bien plus vite que la fourchette que j'avais indiquée à Serge (3h50 – 3h55), c'est plus d'un km d'avance. Je tourne toujours à la boisson énergétique sucrée, sans Saint-Yorre en plus pour le moment, entre 500 et 600mL par 10 km, ce qui est très suffisant compte tenu du temps. Certains coureurs sont plus réchauffés que d'autres et tournent désormais en t-shirt, même depuis le départ pour certains. Étienne est même torse-nu, son carburant aidant. Je dépasse les 45 km en 4 heures de course, au moment où Sébastien s'arrête, puis les 50 km en 4h26. J'ai presque envie d'une bière à ce moment là, mais c'est beaucoup trop tôt pour avoir droit à cette gratification. Les tours oscillent toujours entre 5'10'' et 5'30'', c'est vite, mais je suis toujours très facile, même encore plus qu'au début, ça ronronne !

Dans l'après-midi le soleil est de sortie, même s'il est encore de temps à autre voilé par quelques nuages joueurs. L'essentiel est qu'il y a peu de vent. Pas de quoi surchauffer (le thermomètre doit flirter avec les 16°C à l'ombre), mais autant courir désormais en t-shirt, car si je conserve deux couches, ça risque de faire frais la nuit par comparaison. Jusqu'à présent je n'ai fait qu'enlever des vêtements, ce qui peut se faire en courant sans avoir à enlever la ceinture porte bidon ou le porte dossard, aucun arrêt intempestif pour le moment donc. Je commence également à prendre un verre de Saint-Yorre de temps à autre, mais assez peu.
Ravitaillement (crédit photo : Serge Milon)
Je prends régulièrement des tours à tous les coureurs qui me suivent au classement, et je ne sais pas quelle avance j'ai, et je m'en moque bien à ce niveau de la course où je ne me préoccupe que de mon propre rythme et de mes sensations, mais ce qui m'inquiète un peu, c'est que d'habitude c'est moi qui laisse filer les autres devant et qui suis dans la position du « chasseur » pour remonter plus tard, donc inversion des rôles, due autant à mon départ rapide qu'à celui plus prudent des autres. J'ai dépassé les 56 km en 5 heures. Je n'éprouve aucune lassitude à courir en rond, et même pas mal de plaisir.

Les 6 heures de course sont toujours un passage important, car on arrive au premier quart de l'épreuve (un demi tour d'horloge sur les deux), et on peut considérer que l'échauffement se termine pour entre dans le vif du sujet, même s'il est encore bien trop tôt pour commencer à avoir le moindre problème, un peu comme les 10 premiers kilomètres d'un marathon. De ce point de vue je suis tout à fait serein, mis à part ma vitesse toujours bien rapide même si j'ai du ralentir imperceptiblement, mais je tourne toujours à un bon 11 km/h de moyenne. Je remets mon coupe vent sans manches, je veux absolument ne pas avoir froid au niveau du ventre, ce qui occasionne mon premier arrêt très bref (Serge est efficace) aux stands, et mon premier tour en plus de 6 minutes (6'02''). Je ne suis pas loin des 68 km en 6 heures, amusant car c'est à moins de 100 mètres près la marque que j'avais réalisée lors de mon premier ultra : un 6 heures effectué en Mai 2009 à Villennes chez Nadine. J'avais terminé bien fatigué, les pieds perclus d'ampoules, et incapable de m'alimenter durant les deux dernières heures (j'avais amené un stocks de gels...), mais surtout ravi d'avoir pu connaître des personnes formidables, dont Thierry Douriez pour n'en citer qu'une. C'était le début d'une passion jamais démentie, et que de chemin parcouru depuis, puisque me voilà frais comme un gardon, comme si je venais de faire une sortie d'une heure, sauf qu'il en reste encore 18. Les ombres s'allongent, et la température est toujours assez douce, voir même idéale pour le moment. Les coureurs du 2 x 6 heures se sont arrêtés, ils ont droit à un repos mérité, avant de reprendre à 5 heures du matin pour leur deuxième 6 heures.
Vers 17h30 (crédit photo : Serge Milon)
À 18 heures, je me souviens avoir dit à Serge que la forme allait en s'améliorant car je m'entraîne le plus souvent le soir et que j'avais tendance à accélérer de nouveau, ce qu'il me conseilla de ne point faire évidemment. Je suis à plus de 78 km en 7 heures, et je prends toujours 2 km d'avance par heure sur les 216 km (moyenne de 9 km/h sur 24 heures), enfin c'est comme ça que je vois les choses, sachant que cette avance pourrait bien fondre comme neige au soleil plus tard dans la nuit. « Ce qui est pris n'est plus à prendre » ne fonctionne pas toujours, et même pas souvent en ultra. Je commence à prendre un bidon de boisson salée à ce moment là, et je compte alterner sucré et salé en début de nuit avant de prendre davantage de salé. Le double marathon est franchi en 7h32, ce qui signifie que je n'ai en fait pas beaucoup ralenti (3h44 + 3h48). Je vais désormais m'attacher à être le plus facile possible pour ne pas être en moins de 9 heures aux 100 km, ce qui constituerait tout de même bien 2 km d'avance sur mon tableau de marche le plus rapide !

La nuit est désormais tombée sur le circuit, mais il y a encore pas mal d'animation. La musique n'est pas trop soûlante, pas toujours à mon goût, mais le volume sonore reste raisonnable. Tant mieux car je ne cours jamais avec un casque sur les oreilles. Je ne sais plus vers quelle heure précisément, mais à ma grande surprise, j'aperçois Jean-Jacques au bord du circuit. Je ne m'y attendais absolument pas car le coquin m'avait dit qu'il n'était pas disponible ce week-end là, et je m'étais alors tourné vers Serge pour m'assister. En fait, à part moi, tout le monde était au courant que Jean-Jacques viendrait à Vierzon. Cela me fait évidemment un grand plaisir, car Jean-Jacques, en plus d'être un ami, me connaît bien pour m'avoir déjà supporté plusieurs fois sur 24 heures ou sur 100 km, et il pourra au cas où relayer efficacement Serge. Par contre je n'ai pas besoin d'être « boosté » pour le moment, il faut juste que je reste facile le plus longtemps possible. Vu que je suis le seul à courir à ce rythme, je n'ai personne avec qui faire la route, mais le parcours est propice pour croiser de nombreuses fois les autres coureurs, ce qui donne souvent lieu à des encouragements de la voix ou d'un petit signe. À ce stade, il est également facile de zigzaguer « en souplesse » entre les marcheurs.

Plus de 89 km en 8 heures (un tiers de la course), à chaque heure de course les organisateurs annoncent le classement, et je prends de plus en plus le large. Au niveau du chronométrage, à l'entrée du hall, il y a un écran où le nom des derniers coureurs passés s'affichent avec le classement, le kilométrage effectué, le temps du dernier tour, la vitesse moyenne depuis le départ, ainsi qu'une prévision du kilométrage final, non pas linéaire comme c'est habituellement le cas, mais utilisant un algorithme que j'essaie de comprendre (ça occupe) : mon « potentiel » ne cesse d'augmenter alors que je ralentis un peu, à ce moment je dois passer les 240 km alors que je n'étais que vers 230 dans les premières heures. Le concepteur est sans doute adepte des « positive split » importants ! Cela semble aussi dérouter certains, dont Serge qui croit même que je suis en train d'accélérer en voyant que cette prévision ne fait qu'augmenter. Je n'ai pas le souvenir d'avoir eu mal au jambes à ce point là, même pas un peu, et rien à signaler du coté tendineux. Ma cheville se fait elle aussi toujours oublier. Je n'ai toujours oublié aucun lap au bouton de ma montre depuis le départ, signe de lucidité et de concentration. Je cours toujours sans effort en petites foulées dans l'unique courte côte du circuit. C'est le début de la nuit, il fait toujours relativement doux, et j'aime bien ce moment là, ce sont généralement mes meilleurs heures, et cela devrait durer jusque vers 2, voir 3 heures du matin si c'est comme d'habitude.

J'ai enfin réussi à ralentir un peu durant cette 9e heure, ça n'est pas trop tôt, disons que j'ai quitté le mode « frein à main » pour passer au mode « vitesse naturelle sans forcer ni freiner », ce qui est en fait le plus agréable. Pas mal de concurrents ont commencé à beaucoup marcher ou à faire de longues pauses, ce qui n'est pas du tout dans mes envies actuellement, ça serait plutôt la binouze du 100e qui se rapproche ! Je commence à calculer qu'il ne me restera plus que 116 km à effectuer en 15 heures, le calcul mental est encore assez facile pour l'instant : cela fait moins de 8 km/h. Plus que 3 tours avant les 100 bornes, je commande ma bière à l'avance pour le 100e tour, soit 99,887 km pour le passage sur le tapis, et pile 100 km lorsque je marcherai verre en main, à partir de ma table de ravitaillement. C'est chose faite en 9 heures pile, en fait je passe sur le tapis en 8h58'30''. Là encore c'est très proche du chrono sur mon premier 100 km à Chavagnes en 2010, à peine 3 minutes de plus, cela me fait sourire quand je pense aux quadriceps en béton que j'avais à l'arrivée, et que je n'ai pas du augmenter ma VMA d'une dixième de kilomètre depuis. Toujours est-il que je profite du service impeccable pour déguster mon verre de bière : de la Corona, c'est ce que je prends souvent après l'entraînement, certes pas le top au niveau gustatif, mais c'est nettement plus savoureux que les boissons d'effort, et ça passe bien vu sa légèreté (5°). Je bois le verre en entier et jette le gobelet dans la poubelle prévue à cet effet, très bien placée à la sortie du hall, mon prochain mini objectif sera 108 km, soit la moitié de 216.


10e – 13e H : 2 heures de ralentissement maîtrisé et 2 heures de gros doutes

« Plus que » 116 km, et tout va bien. Je conserve une allure de croisière un peu supérieure à 10 km/h sans commencer à me rentrer dedans. Le confort est total coté tendineux, musculairement ça baigne aussi, tout juste si je commence à ressentir que j'ai des muscles. Durant la soirée, la température baisse encore peu, et le vent reste très modéré. Bref, tous les voyants sont au vert, il n'y a qu'à gérer, et à « attendre » la suite des événements. Les 108 km sont rapidement atteints (mentalement je me dis que j'en ai déjà fait la moitié), et je suis même légèrement au dessus des 110 km à la 10e heure, cela constitueras d'ailleurs mon avance maximale (un peu plus de 10 km) sur une moyenne horaire de 10 km/h. J'aime bien le début de la nuit, ce sont même les heures que je préfère, que ce soit sur 24 heures ou sur une course en ligne comme le Spartathlon. Tout est encore relativement facile, l'effort est naturel est fluide, nul besoin de se faire violence, tout en ressentant le poids des kilomètres déjà parcourus. La nuit, l'ambiance est plus feutrée, c'est le moment propice pour bien se mettre dans sa bulle. Les tours et les ravitos s'enchaînent sans y penser, je n'ai toujours manqué aucun lap sur ma montre, c'est vraiment pratique pour le ravitaillement / Cyrano : si le numéro du tour est pair je m'arrête au niveau de ma table .

C'est alors que nous avons la visite d'Emmanuel (il a déjà remporté deux fois ce 24 heures), qui nous fait le plaisir de venir dire bonjour (c'était prévu) en revenant des Championnats de France de 100 km à Amiens. On discute un peu à l'occasion de mon plus long arrêt depuis le départ pour enfiler une deuxième couche plus chaude à la place du coupe vent sans manches. Cet arrêt occasionnera un tour en 7'30'', soit 8 km/h car il faut enlever la ceinture porte-bidon ainsi que la ceinture porte-dossard, puis ne pas oublier de les remettre, surtout le porte-dossard, vu qu'il contient la puce... En fait, en vérifiant à posteriori, cela sera mon tour le plus lent de toute la course, c'est dire l'efficacité des mécanos Serge et Jean-Jacques ! Je demande à Emmanuel comment ça a été sur son 100 km, il est un peu déçu car il n'a fait « que » 9h15 alors qu'il était longtemps sur une base de 8h30. Je lui dit en riant que j'ai fait mieux que lui en passant en 9 heures au 100 km, mais que du coup j'ai du partir un peu vite... Je passe les 120 km pile en 11 heures de course, toujours ces 10 km d'avance. Il ne me reste donc que 96 km pour parvenir à 216, ce qui sauf blessure, doit vraiment être jouable en 13 heures, même avec un gros coup de bambou que je compte pas connaître d'ici 2 ou 3 heures du matin, ce qui devrait me permettre d'ici là d'augmenter encore ma marge de sécurité, histoire de terminer avec beaucoup de marche si cela s'avérait nécessaire.

Mon prochain objectif c'est tout simplement la mi-course où mes prévisions de 128 – 129 km devraient être atteintes dans la facilité. Sauf que je commence à ne plus être aussi bien et je manque d'énergie, certes rien encore de méchant, mais ça n'est pas normal aussi tôt. L'envie et le plaisir sont en baisse, je ralentis, imperceptiblement sur la moyenne, et surtout je deviens irrégulier. Je ne sais pas si c'est perceptible de l'extérieur, mais je garde ça pour moi pour le moment. Je commence à boire davantage (de la St-Yorre), à m'arrêter pour pisser, bref à subir la course, alors que peu de temps avant tout allait pour le mieux. Bon, rien d'alarmant car ça repart bien au bout de 2 ou 3 tours en prenant davantage de morceaux de banane, sans doute que mon départ un peu rapide conjugué au fait que je me suis nettement moins alimenté que d'habitude ont eu comme conséquence que ce qui survenait habituellement au bout de 15 à 16 heures est arrivé après à peine plus de 11 heures d'effort ? Mais ça n'est qu'un feu de paille, moins de 2 tours et ça recommence, en moins bien. Je ne suis même plus à l'aise au niveau digestif, pourtant je n'ai pris que ce qui passe bien d'habitude, et en moindre quantité. Je réfléchis : peut-être ne me suis-je pas suffisamment couvert ? Mais pas d'erreur de ce coté là, j'ai le ventre bien au chaud et au sec. Sur ce arrive la mi-course : tout va bien au niveau du tableau de marche : plus de 129 km en 12 heures, soit 2 km de mieux que mon RP sur 12 heures, et 4 km de mieux qu'il y a deux ans ici même. Plus que 87 km en 12 heures, je gagne toujours du temps sur cet objectif, mais ces 12 heures s'annoncent très longues...

Je ne dis toujours rien à Jean-Jacques ni à Serge mais j'imagine que s'ils regardent le chronométrage ils doivent bien voir que ma vitesse chute, et sans doute que cela doit être notable visuellement. Chaque tour est désormais effectué entre 6'30'' et 6'50'' et j'ai tout de même assez de lucidité pour penser à presser le bouton « lap » de ma montre quand je passe sur le tapis. Je tente de m'alimenter davantage, mais sans succès, pas d'envie ! Il n'y a plus que la boisson énergétique salée qui passe un peu, ainsi que les bananes modérément. Je m'endors et je commande un café tiède et sucré qui fait du bien et m'évite peut-être de ralentir davantage. Je suis déjà dans le dur au niveau énergétique, même si tout va bien par ailleurs : muscles, tendons, pieds, ni trop chaud ni trop froid, etc. Je commence à me résigner à laisser ma vitesse chuter pour viser, disons 220 km, histoire d'avoir un peu de marge et de ne pas revivre une « Champigneulles ». avec une moyenne de 7,5 km/h sur le reste de la course, ça devrait le faire, mais je ne suis plus sûr de rien ! En réalité je suis en pleine phase de gamberge, et je commence à penser « F.uck de p.tain de LCHF, juste bon à me faire perdre de l'énergie plus tôt que d'habitude », tout ça pour ça, c'est ridicule !

Bon je me calme, car il me faut désormais me concentrer sur ces 220 km et retrouver un minimum de sérénité, ce qui passe d'abord par le retour du confort gastrique : vu que je me résigne à tourner bien moins vite (disons 8 km/h de moyenne), je peux me permettre de moins m'alimenter et je commence à moins boire dans mon bidon, remplaçant en partie le liquide non absorbé par de la Saint-Yorre. Le résultat ne se fait pas trop attendre, et mon estomac se fait à nouveau oublier. Bon, tout ça je connais, mais la chose étrange c'est qu'au lieu de continuer à subir un manque d'énergie en luttant pour maintenir une vitesse dérisoire, il se trouve à l'inverse que mon allure augmente à nouveau sans effort : mon énergie augmente alors que cela fait plusieurs dizaines de minutes que je m'alimente beaucoup moins. C'est toujours bon à prendre, je pense à ré-augmenter les apports, mais vu ce que ça a donné précédemment, et comme je suis de mieux en mieux, je décide juste d'en profiter en continuant comme ça jusqu'à un début d'hypoglycémie qui ne devrait pas tarder ! 13 heures de course et plus de 138 km (plus que 78), j'ai parcouru à peine plus de 9 km la 13e heure, mais mon allure est à nouveau proche des 10 km/h, pour combien de temps encore ?



14e – 20e H : 7 heures vraiment agréables et assez faciles

Minuit passé, il a a de moins en moins de concurrents sur le circuit, et vraiment assez peu qui trottinent encore. Je suis vraiment très bien, et j'ai même tendance à accélérer. J'évite de m'enflammer, après tout ça n'est peut-être qu'une courte phase d'euphorie, du genre de celle qui précède habituellement une hypoglycémie, sauf que ça n'y ressemble pas. Je ne prends vraiment que deux ou trois gorgées de boisson de mon bidon tous les deux kilomètres, et encore pas tout le temps, et toujours un morceau de banane de temps à autre. Je n'ai pas envie d'autre chose pour le moment. Ma vitesse remonte, et je fais même un tour en 5'54'' et les autres proches des 6'. Une autre chose étrange est que je suis incroyablement lucide : alors que d'habitude mes capacités de calcul se limitent à des additions, voir à des soustractions, là je me lance dans les règles de trois avec une belle facilité. Au passage des 144 km, je calcule en 5 secondes que ça fait les 2/3 de 216, ce que j'annonce en rigolant à Daniel que je croise à ce moment là (il mettra un demi tour pour vérifier l'opération). Toujours pas de coup de mou en vue, je dois même me freiner un peu par crainte de me cramer trop tôt dans la course. Le temps passe à nouveau vite, et je franchis les 148 km avant la fin de la 14e heure dans une forme olympique (pas loin de 10 km couverts sur la dernière heure, et je conserve plus de 8 km d'avance sur les 10 km/h).
148 km (crédit photo : Serge Milon)
J'en oublierais presque, deux tours plus loin, ma bière du 150e, mais j'y pense à temps, et elle est tout aussi agréable que la première du 100e. Plus que 66 km à faire en 9h50 : Athènes se rapproche ! À cause de la boisson et des bananes, j'ai les doigts poisseux, et je demande à Serge un peu d'eau pour me rincer les mains au prochain tour : j'ai droit à une bassine d'eau tiède, c'est du **** ! Pour le moment point d'autre coup de mou et encore moins d'hypoglycémie ; je reste donc sur des apports énergétiques diminués plus ou moins de moitié par rapport aux 12 premières heures, vu que cela semble bien convenir à mon corps, je ne vais chercher ni à ré-augmenter, ni à diminuer davantage. Je suis curieux et impatient de voir la suite. J'endigue rapidement un début de « relâchement » en prenant un second café (je m'autorise 4 ou 5 cafés maximum au total, ce qui semble un bon compromis pour rester bien concentré sans avoir trop d'effet diurétique). Sur l'écran de chronométrage, mon potentiel se rapproche désormais des 250 km (ce truc est bizarre quand même). Deux heures du matin et pile 158 km en 15 heures, je n'ai rien cédé.

Le temps se rafraîchit davantage, et j'enfile donc le coupe vent sans manches par dessus ma 2e couche pour bien me protéger le ventre. À un moment, Daniel m'interpelle pour me demander si je compte avoir nine14 au téléphone pour être coaché sur mes temps de passage, sur mon hydratation, et mon alimentation. Je ne sais pas s'ils se connaissent en vrai ou par forum interposé, mais ça m'a bien fait rire ! (note : ma réponse en privé uniquement). Toujours est-il que je suis très lucide, et j'en deviens même un peu pénible avec Serge, et j'ai du hausser le ton les rares fois où il n'y avait pas de verre d'eau gazeuse ou de morceaux de banane à l'avance. Vu que je bois beaucoup moins dans le bidon, il dure plus longtemps, mais je préfère quand même en changer avant qu'il ne soit vide afin de ne pas boire trop froid, et surtout pour ne pas inquiéter Serge du fait que je m'alimente beaucoup moins : du coup je vide discrètement le bidon un peu avant de le rendre. Les 100 miles (soit 161 tours) sont passés en 15h19 (soit plus de 30 minutes d'avance par rapport à 2014). Je me dis que si je bâche un peu plus loin, je pourrais toujours convaincre l'organisation de publier ces temps de passage, vu que le chrono 100 miles qualificatif d'office pour le Spartathlon est de 16h48 (80% de 21h). Mais je je compte pas m'arrêter en si bon chemin, pas besoin de bidouilles pour me qualifier ! Ma vitesse se stabilise entre 9 et 9,5 km/h vraiment sans avoir à forcer, ce qui me convient parfaitement : pas besoin de me rentrer dedans, ce qui risquerait se se payer plus tard, la route étant encore longue. C'est ainsi que je suis à plus de 167 km en 16 heures, les deux tiers de la course sont atteints, et je pourrais quasiment atteindre les 216 km rien qu'en marchant (49 km en 8 heures), mais je n'ai aucune envie de le faire (marcher pendant 8 heures...), vu que je ne marche toujours que dans la zone de ravitaillement, et un tour sur deux, c'est juste une possibilité « au cas où ».

3 heures du matin, d'ordinaire je ne tiens pas plus longtemps avant de connaître de petits soucis gastriques, une grosse baisse d'énergie, de multiplier les arrêts pipi plus ou moins justifiés, bref de subir la course et de me traîner en attendant que ça s'arrête ! Pour le moment rien de tout cela, je me sens étonnamment frais, hyper lucide, certes pas dans la zone (que je n'ai connue que deux fois durant 10-15 minutes depuis que je cours : sur marathon en 2009 et au Spartathlon l'an dernier), mais pas loin. C'est une sorte de sentiment de sérénité, avec la sensation que rien ne peut m'arriver, un grand plaisir d'être là et de courir dans la nuit, et cela fait déjà près de deux heures que ça dure ! Je suis également assez attentif à l'écran de chronométrage, et je vérifie souvent que le kilométrage indiqué est identique à mon nombre de laps (à 0,113 km près). Or, à un moment, je vois qu'il me manque un km sur ce tableau (pourtant je n'ai pas oublié mon dossard sur lequel est fixé la puce...), ce qui a le don de m'agacer un peu, sachant que pour gratter un km sur ce genre d'épreuve il faut au bas mot s'employer pendant 3 heures. Je le fais de suite remarquer à la table de chronométrage. Au tour suivant, c'est la même chose (enfin il manque toujours un tour, pas deux!), mais tous les tours sont aussi pontés manuellement, donc c'est en cours de vérification. Il faut que je me reconcentre, je déborde d'énergie, mais je ne dois pas la dilapider inutilement, d'autant plus que Serge est au courant et suit l'affaire. Tour suivant... rebelote, bref je râle à chaque fois et je deviens lourd alors que le tour, après vérification y est bien, il qu'il me faut juste patienter pour que ça soit mis à jour au niveau de l'informatique, aurais-je oublié la patience, une des règles de base en course à pied... ? Bref, cette histoire dure je ne sais combien de tours, ça a le mérite de faire passer le temps (je reste tout de même attentif à mes ravitaillements). Serge part se reposer un peu et passe le relais à Jean-Jacques pendant ce temps. Je suis sur le point de briefer ce dernier sur ce tour manquant, pour qu'il ne lâche pas l'affaire, mais miracle, ça finit par être corrigé, il suffisait donc d'attendre... Je remercie tout de même les chronométreurs d'un petit signe. On arrive maintenant à la 17e heure de course, 4 heures du mat et j'ai franchi les 176 km, à peine 40 km en 7 heures, sauf blessure c'est dans la poche, il suffit de rester bien concentré !

Jean-Jacques a maintenant pris le relais de Serge pour m'assister, je dois dire que J2J, me connaît bien, en fait je n'ai même rien à demander, c'est simple, il y a toujours tout ce qu'il faut sur la table de ravitaillement ! Il fait plus frais dehors, mais je suis bien, et je ne me couvre pas davantage, surtout car quand on repasse dans le hall (et il doit bien y avoir 150 mètres de couverts en ajoutant les deux passages), où la température a moins baissé, ça donne une impression de chaleur. Toujours RAS coté musculaire, tendineux, ou gastrique. Et surtout, énergie toujours au top, vitesse stable, je me sens en capacité d'accélérer s'il le fallait, mais le but est encore loin pour tenter quoi que ce soit, je profite de l'instant présent et c'est déjà énorme ! Il faut dire qu'à cette heure avancée la grande majorité des coureurs ne semble pas partager mon enthousiasme : beaucoup de participants sont à la marche ou à l'arrêt aux stands, semblant frigorifiés. De temps en temps il arrive qu'un coureur me double, mais c'est toujours pour faire une pause un peu plus loin, alors que je ne m'arrête jamais, mes tours sont entre 6'10'' et 6'30''. Je me force parfois à boire un peu plus de Saint-Yorre afin d'uriner un peu pour contrôler la couleur (je stoppe dans un coin bien éclairé...), je fais ça par habitude et par sécurité, de façon volontaire et maîtrisée, peut-être une fois tous les deux heures, tandis que lors de mes courses précédentes, c'était plutôt tous les deux tours et la teinte transparente (pas bon), alors que là c'est ni trop clair ni trop foncé. Du coup c'était probablement une petite perte de temps. Je tourne toujours à la « soupe / banane », avec une certaine envie pour une binouze, mais cela se mérite, il me faudra patienter encore un peu ! Bref : 186 km au bout de 18 heures et des ¾ de l'épreuve (restent 30 km à 5 km/h), et tiens donc : 6 x 9 = 54 + 186 = 240, et je tourne toujours à plus de 9 km/h, mais restons concentrés sur « the OBJECTIF » : être sur la ligne de départ au pied de l'Acropole l'an prochain !

5 heures du mat' (et toujours pas de frissons), les concurrents du 2 x 6 heures (moins Sébastien et + J2J donc) s'élancent à nouveau sur la boucle.
J2J au début de son 6 heures (crédit photo : Serge Milon)
J'imagine que ça doit couiner un peu après 12 heures d'arrêt, en fait c'est presque plus simple de ne pas s'arrêter en route ! Jean-Jacques me rattrape assez vite bon il n'a pas trop de mérite étant frais...), et je lui dis que je préfère tourner seul en restant dans ma bulle (de toute façon, il sait tout ça, mais sera disponible durant les dernières heures au cas où j'aie besoin de quelqu'un pour me « tracter » afin d'atteindre tel ou tel objectif). Il faudra encore patienter plus de deux heures avant le lever du jour, ça commence à bien cailler, et du coup je troque ma casquette contre un bonnet. Serge n'a pas encore dû émerger, mais le bonnet était bien visible sur la table. Je ne sais pas comment je me démerde, mais j'ai encore les doigts tout poisseux, du coup bis repetita pour le rinçage des mains. Alors que d'habitude à ce stade de la course je me fiche un peu d'écourter au maximum ce type d'arrêt, là je suis attentif à ce qu'ils durent un minimum. Je zieute aussi l'écran du chronométrage presque à chaque tour, mais s'il a « freezé » deux ou trois fois, il n'y aura plus aucune erreur au niveau de la distance affichée. Ma projection pour le kilométrage final décroît lentement, elle doit encore être à plus de 245 km, ce qui est quand même un peu optimiste vu ma vitesse, portant très constante depuis plusieurs heures. Je suis même attentif à ne pas parcourir de distance supplémentaire, et je prends au maximum la corde.
193e tour bouclé (crédit photo : Serge Milon)
6 heures du matin, le décompte a (presque) commencé, presque tous mes touts sont à plus de 9 km/h (sauf les rares avec une « pause technique »), et certains à plus de 9,5. Du coup, je suis au dessus des 195 km en 19 heures de course, et plus qu'un semi pour parvenir à Sparte Athènes.

Je n'aurais pas parié un kopeck drachme avant le départ sur le fait d'être avec un tel kilométrage et dans une telle forme à ce stade du 24 heures, le LCHF serait-il (au moins) aussi efficace qu'espéré. En tout cas, toujours aucune saute d'énergie depuis 6 bonnes heures maintenant, toujours avec un grand confort musculaire (pas vraiment de douleur, ça travaille sans plus), un RAS total coté tendineux (d'habitude ça commence à couiner), sans parler de l'estomac (le maître du jeu), qui n'a en fait pas trop de travail à fournir vu le peu de calories avalées, idem pour les reins car je bois également moins qu'avant. Je pensais aussi souffrir du froid en prenant peu de calories, mais ça n'est pas du tout le cas : d'une part je suis bien couvert, et il y a assez peu de vent. Je n'éprouve pas le besoin de mettre des collants, mais si j'ai toujours été frileux au niveau du haut du corps, ça n'est pas le cas pour le bas, le short est parfait. Par contre je préfère mettre des gants avant d'avoir froid aux mains, car on peut perdre pas mal de chaleur par là. Les 200 bornes approchent, c'est toujours un grand moment pour un circadien de passer cette marque, et c'est un objectif pour beaucoup. Je commande ma bière 3 tours avant (ça tombe bien j'en ai un peu marre de ma soupe, mais je n'ai pas envie de sucré pour autant, mais de bière si!). Chaque bière n'est pas prise en plus, mais remplace un ravitaillement normal (boisson énergétique ou morceau de banane). Et hop : 200 bornes en 19h30 (nouveau RP, et de loin), cette binouze est bien méritée, et désormais la cadence « houblonnée » va s'accélérer, vu que la suivante n'est que dans 16 km ! Celle-ci, servie par Serge,e st encore meilleure que les deux premières. Chaque bidon me fait plus de 10 tours et il en reste pas loin de la moitié quand je le vide (discrètement) avant d'en changer. Je ne cède toujours rien sur mes zones de ravitaillement, tout juste si la marche est un peu plus lente qu'au début.
Sortie de la zone de ravitaillement (crédit photo : Serge Milon)
7 heures, il fait toujours nuit, même si on devine une petite lueur dans le ciel, c'est un peu brumeux le long du Cher, mais le vent se lève un peu par moment, ce qui va chasser assez vite l'humidité, mais du coup la sensation de fraîcheur s'accroît. J'ai un peu plus de 204 km au compteur, il reste 4 heures de course, et 12 km pour les 216, ça doit être jouable même avec une grosse tuile, mais il vaut mieux rester prudent tant que la ligne d'arrivée ces p.tains de 216 km ne sont pas atteints !


4 dernières heures : un peu dans le dur, mais sans lâcher grand chose

J'avoue que je commence à penser de temps en temps aux 240 km, mais je chasse pour le moment cette idée, car mon premier objectif n'est pas encore tout à fait atteint, et croire que c'est dans le poche pourrait bien me conduire à une belle désillusion (j'ai encore en mémoire ma dernière heure à Champigneulles...). Car avec l'arrivée de l'aube, je ne ressens point, ou du moins pas encore, de second souffle, mais au contraire la fatigue qui s'installe progressivement. Certes ma vitesse ne baisse pas (la plupart des tours sont effectués entre 6'15'' et 6'35''), mais je dois commencer à m'employer pour maintenir l'allure, alors que toute la nuit ça « roulait » tout seul. Le confort digestif est toujours présent, toujours aucune gêne tendineuse ni mal au dos, mais la foulée se fait moins fluide, les muscles ne sont pas douloureux, mais je suis moins détendu. Il fait jour, et c'est plus agréable pour voir où on met les pieds (le circuit n'était pas très bien éclairé partout, même si la luminosité était suffisante pour ne pas avoir besoin de frontale). Alors que jusqu'à présent, je profitais de l'instant et de mes excellentes sensations, sans trop me préoccuper de ma vitesse ou du temps restant, je commence à regarder l'heure sur ma montre pour savoir combien de temps il reste à courir. J'ai même constaté que l'heure coïncidait à la seconde près avec le chrono, c'est dire si les organisateurs ont été ponctuels lors du coup de feu ! Plus de 213 km en 21 heures, je commence à envisager sereinement les 230, voir les 235 km, par contre les 240 bornes me semblent encore loin, vu que je ne pète plus la forme !

Il fait toujours très frais, mais le vent s'est calmé, du coup j'enlève mes gants, et vu que le soleil est sorti pile au bout de la longue ligne droite le long du Cher, je reprends ma casquette par dessus le bonnet (ça caille quand même bien) pour ne pas être aveuglé car la brume s'est entièrement dissipée. Étienne est de retour sur le circuit pour amener son total à 100 km (je lui fais la réflexion qu'en réalité il a du courir un peu plus d'un km par tour...). On ne l'a pas vu de la nuit, il a du bien dormir, mais il enchaîne quelques tours rapides en mettant à nouveau pas mal d'animation sur le circuit. Le coffre de son open bar véhicule est d'ailleurs de nouveau ouvert !
Ravitaillement sauvage... (crédit photo : Serge Milon)
C'est pas tout ça, mais ça finit par donner soif, et c'est justement l'heure de ma 3e binouze, la meilleure en fait, car c'est celle des 216 km, synonyme du Graal : une qualification pour le Spartathlon 2017 (valable aussi en 2018). Cette marque est atteinte vers 8h15. Je déguste la boisson houblonnée (un ouzo eut été plus approprié), cette course est désormais réussie.

Et voici le gros lot !


Je fais le point rapidement, il reste 2h45 de course pour faire :12 km (pour 228 km et améliorer ainsi mon RP 24 heures), 14 km (pour 230 km), 19 km (pour 235), et pourquoi pas 24 km (pour 240). Cette bière ainsi que la satisfaction de l'objectif principal rempli me reboostent pour un moment. Je m'interdis également toute pause technique jusqu'à la fin de l'épreuve, ça sera toujours ça de gagné ! Mais j'ai désormais davantage de mal à changer mes trajectoires pour doubler, du coup je crie à l'avance « attention » s'il y a deux marcheurs (et parfois trois...) côte à côte pour qu'ils me laissent un passage (je crois qu'en fait j'ai peur de rater les 240 pour quelques mètres).
 Jean-Pierre Guyomarch et Patrick Alvarez (crédit photo : Serge Milon)
Karine Zeimer (1ère féminine) et Pascale (crédit photo : Serge Milon)
Valery -dossard 236- (crédit photo : Serge Milon)
222 km (crédit photo : Serge Milon)
La prévision de l'écran du chronométrage est maintenant passée sous les 245 km et se rapproche dangereusement des 240. C'est deux heures avant la fin que je réalise vraiment que je suis capable de faire ces 240 km car j'en suis alors à 223, et 17 / 2 = 8,5 et je tourne toujours à plus de 9 de moyenne. On commence à me motiver pour les faire cas 240, aussi bien Serge, que Rémi Bonnotte qui coache Karine, ou encore Jean-Jacques qui à chaque fois que je le croise me disait « 230 », puis « 235 », et maintenant « 240 ». Je réponds « 235 », même si je pense aux 240, ça porte la poisse sinon.

Je décide tout de même d'une petite carotte intermédiaire avec une bière à 228 ou à 230 km, j'opterai finalement pour le compte rond de 230. J'hésite sur le conduite à adopter entre ralentir un peu pour assurer les 240, ou tenter d'augmenter progressivement l'allure pour faire la meilleure marque possible. Vu que je n'avais aucun objectif supérieur à 240 km (et encore j'osais tout juste y penser), et que je suis une feignasse, j'opte rapidement pour la première solution (le moindre effort), du coup, ma vitesse devenant trop faible (et je n'ai pas travaillé d'allures aussi basses à l'entraînement), ma foulée se dégrade, n'est plus du tout dynamique, je me laisse aller, et je commence à pencher légèrement sur le coté (un peu comme à Champigneulles, mais beaucoup moins, et surtout sans aucune douleur au dos, juste la fatigue). Serge s'en aperçoit et me le dit, je me redresse jusqu'à ce que je ne fasse plus attention, et ainsi de suite. Finalement ça se réchauffe un peu, j'enlève le bonnet puis le coupe vent sans manches. J'hésite un moment à me remettre en t-shirt pour finir (ce que certains ont fait), mais la perspective d'avoir à accélérer pour me réchauffer m'incite à rester bien au chaud à mon train de sénateur, alors que j'ai encore un peu d'énergie. Serge me sert ma dernière bière (enfin la dernière pendant la course, car ça serait un peu juste pour une autre au 240e), il me reste 1h15 pour parcourir 10 km. Le maire de Vierzon est déjà sur place, c'est un passionné d'athlétisme, et il est resté en tout plusieurs heures sur le circuit, ça change de pas mal d'élus locaux, et même de pontes de la FFA, qui ne passent qu'en coup de vent au départ ou lors de la remise des récompenses. Je suis bien encouragé à chaque tour par les bénévoles et les assistants, ainsi que les autres concurrents. Les 232 km sont dépassés à une heure du coup de feu final : moins de 8 km à faire dans l'heure, sauf incident...

Plus ça va, et plus je me traîne, et je tourne désormais entre 6'35'' et 6'55' au tour, en fait je multiplie mon temps au tour par le nombre de bornes restant pour atteindre 240, et vu que c'est suffisant, je ralentis... Je pense que ça m'aurais fait du bien qu'il me manque un tour à ce moment là pour m'exciter un peu ! Je ne savoure pas pour autant, j'ai juste envie d'en finir. Chaque tour me rapproche de l'objectif car je ralentis tout de même moins vite que si je visais pile ces 240. L'ambiance monte, et avec le soleil, je pourrais presque m'imaginer sur les rouets du Péloponnèse sur le bout de route le long du cher (sauf coté température). 238 km, je prends mon dernier ravitaillement, et je balance mon porte bidon sous la barrière en repassant dans le hall, ça m'allège un peu. Les autres coureurs ont déjà pris leur témoin numéroté (qu'il faut poser au sol au coup de pistolet final). Je commence un peu à me relâcher et à retrouver ma sérénité.
Bientôt 240 km ! (crédit photo : Serge Milon
239e tour, il reste presque 15 minutes, je décide à ce moment de faire encore 2 tours et quelque. Un officiel me suit à vélo pour voir où je vais stopper, et du coup je n'aurai même pas à transporter mon témoin. Tout cela, et la perspective d'en terminer rapidement me fait enfin accélérer et c'est en fait plus facile (c'est con, j'aurais du faire ça plus tôt). Je savoure vraiment cet avant dernier tour, celui des 240. Je lève le poing en le terminant sous les applaudissements, il reste un peu plus 8 minutes, du coup j'accélère encore en douceur (sans abuser je en suis même pas à 10 km/h) pour boucler le 241e (et dernier) tour. Le premier coup de feu retentit alors que j'ai dépassé la zone de ravitaillement, l'officiel me dit « encore une minute », et j'ai presque le temps de terminer la petite boucle pour revenir dans le hall lorsque le second coup marquant les 24 heures de fait entendre. C'est fini : 241 km et des poussières. Je laisse le juge mesurer ma marque précise et je préfère ne pas m'arrêter pour me diriger en marchant lentement vers le hall et notre table. Je ne le réalise pas encore vraiment, mais le week-end est plus que réussi !


Après-course

Je sais que ça sera dur de me relever et de marcher après, mais je suis tout de même bien fatigué, et je m'assois pour déguster une bonne bière bien méritée ! Jean-Jacques m'append ma marque exacte : 241,175 km. En fait c'est la meilleure marque française en 2016 (en attendant les 24 heures d'Albi 2 semaines plus tard), et c'est un niveau FFA International B (ça fait bien, mais il faut avouer que le barème FFA surcote largement l'ultra...), et avec une simple licence « running », c'est un peu clownesque (comme dirait Franck D.).
Enfin du repos ! (crédit photo : Serge Milon)
Après de longues minutes de glandage (j'ai la flemme d'aller me doucher et de me changer, me contentant d'un léger débarbouillage) et de discussions avec les uns et les autres, Serge et Jean-Jacques rangent notre matériel, et je me dirige très lentement (mais c'est moins pire qu'en 2011 où il avait fallu un chariot) vers la salle où a lieu la remise des récompenses. Je passe d'abord aux toilettes (ça commençait à urger vu que j'ai fait sans les dernières heures de course plus la bière), et c'est nickel de ce coté.

J'arrive juste à temps pour le début des podiums. Après le podium féminin, nous sommes appelés à notre tour pour recevoir nos coupes des mains du maire de Vierzon.
Podium entre Franck Milon et Jean-Michel Baud (crédit photo : Serge Milon)
Cela fait toujours plaisir de recevoir une coupe, même si je ne cours pas pour ça. Aujourd'hui c'est d'abord ma qualification pour le Spartathlon qui me satisfait, ainsi que d'avoir passé les 240 km. De plus c'est ma 3e victoire sur ce 24 heures après 2011 et 2014. C'est toujours bien de confirmer quand on est favori, surtout que c'est loin d'être acquis sur ce type d'épreuve où il faut sans cesse se remettre en question pour progresser, et où les aléas de course sont nombreux : il faut donc en profiter quand les éléments sont favorables. Dommage pour Franck qui visait les 216 km pour le Spartathlon, j'espère pour lui qu'il sera tiré au sort en Mars prochain.

Il y a ensuite un pot et en repas, mais comme d'habitude je ne mange pas grand chose (l'appétit reviendra le soir, et il me faudra 9 jours pour rétablir ma balance énergétique) à part un peu de charcuterie et de viande. Le week-end est passé trop vite et il faut déjà rentrer !


Remerciements

Je remercie en premier lieu Serge qui s'est proposé pour m'accompagner sur ce double tour d'horloge, et j'espère qu'il ne l'a pas regretté. Il a été à la hauteur, ainsi que pour ses photos, qui ont pu profiter à tout le monde. Je m'excuse d'avoir été parfois un peu directif pendant la nuit (ne pas y voir d'allusions...). Merci aussi à Jean-Jacques qui m'a fait la bonne surprise de venir, toujours aussi efficace et discret !

Merci aux organisateurs (je rappelle que les 24 heures du Quai du Cher continuent au moins jusqu'en 2018, et j'espère plus longtemps), aux bénévoles (aucune course ne pourrait avoir lieu sans vous), à tous les coureurs, et à leurs accompagnateurs.

Merci aussi à ma famille qui me permet de m'entraîner suffisamment, ainsi que pour les changements alimentaires.

Et merci aux organisateurs du Spartathlon d'avoir mis la barre à 216 km, ainsi qu'à Philippe Kieffer pour la difficulté de la météo et du circuit de Champigneulles, vos efforts conjugués ont payé !


Analyse rapide

Le premier enseignement est que je ne regrette pas d'avoir changé mon alimentation et d'avoir opté pour le LCHF, car bien qu'ayant tâtonné pendant 2 heures à la mi-course, ne comprenant pas trop ce qui se passait, et ne sachant comment réagir, j'ai finalement trouvé naturellement la solution qui était de diminuer les apports énergétiques. Mon organisme, étant habitué depuis plusieurs mois à utiliser la filière lipidique a alors pu fournir un bon niveau d'énergie pour le reste du 24 heures.

Ce 24 heures était le plus facile des 4 que j'ai réussis (sur 7 au total), certes la météo favorable a joué, mais c'est beaucoup grâce au LCHF que j'ai atteint 20 heures de course avec pas mal de facilité et beaucoup de plaisir.

Mon seul petit regret est d'avoir trop ralenti sur la fin. D'ailleurs ma dernière heure est la seule à moins de 9 km/h de moyenne (8,9), ce qui m'empêche d'atteindre les 150 miles (241,402 km) pour 227 mètres, ce qui aurait sans doute été mon objectif de fin de course si j'y avais pensé avant ou s'y j'étais américain, car pour eux c'est une barre mythique comme peut l'être 240 km pour nous. En m'employant davantage sur les 4 dernières heures, j'aurais sans doute pu gratter un kilomètre.

Par contre, aucun regret pour le début de course un peu rapide qui m'a ensuite permis de gérer assez sereinement les kilomètres engrangés, même si quelques dixièmes de km/h en moins m'auraient sans doute permis de réaliser une marque légèrement meilleure au final.

Pour ce qui est de l'alimentation en course, outre le fait de passer sur quelque chose de plus naturel (jus de raisin, graines de chia, miel, vraie soupe de légumes, bière, … en plus des bananes et à la place des boissons énergétiques), je pense baisser l'apport énergétique à ~80 Kcal par 10 km, soit à peine 2 000 Kcal pour un 24 heures, alors que j'estime à 2 400 Kcal mes apports sur cette course (contre 5 500 Kcal en 2011 pour 14 km de moins...!), mais répartis de façon sans doute inadéquate (plutôt 120 par 10 km au début et 70 sur le 2e moitié de course). En estimant que ma dépense calorique a été d'environ 14 000 Kcal dans les deux cas, cela fait 17% cette année contre 39% en 2011, on peut dire que ces % correspondent à peu près à la part des glucides dans la production d'énergie, ce qui montre bien l'augmentation de la part de la filière lipidique (83% vs 61%). Il doit être possible de progresser encore (alimentation, entraînement, gestion de l'allure), pour approcher les 90% sur les lipides. D'ailleurs, un avantage marginal du LCHF, est que du fait de bien moins s'alimenter, je n'ai pas eu envie de « grosse commission » contrairement à toutes mes courses précédentes où le système digestif était mis à rude épreuve !

Par rapport à 2011, j'ai également moins bu, même si la différence est moins spectaculaire que pour l'énergie (15,5 litres vs 17,5 litres), la différence étant probablement due à la multiplication des pauses techniques en 2011... La rétention d'eau a été elle aussi quasiment inexistante (pas de gonflement au niveau des doigts ou des jambes), mais je ne sais pas si c'est dû au LCHF ou au fait d'avoir été attentif au niveau du sodium (ajout de sel à la boisson énergétique + Saint-Yorre).

Outre l'aspect digestif, le confort en course est également du à la quasi absence de douleurs tendineuses et articulaires tout au long de ces 24 heures, ainsi qu'à des douleurs musculaires très limitées, notamment au niveau des quadriceps.

L'estimation du gain kilométrique obtenu grâce au LCHF est un exercice difficile, tant les facteurs de la performance sont nombreux sur ce type de course. Ce gain est essentiellement du au confort en course (quasi absence de douleur, confort digestif), ainsi qu'à la nette diminution des arrêts pipi dans mon cas. Il est clair qu'un coureur parvenant à se faire mal sur une dizaine d'heures obtiendra sans doute un moindre gain, même s'il souffrira moins. J'estime que j'ai effectué 8 km de plus grâce au LCHF (ce qui colle avec l'estimation de mon potentiel à la fourchette 230 – 235 km), gain obtenu essentiellement sur la seconde moitié de la course (en fait ça m'a permis de bien encaisser un départ rapide). Il doit être possible de gagner encore quelques km pour approcher les 245 (mais encore faudrait-il être dans la même forme au départ et avec une aussi bonne météo).

La raisonnement est qu'en LCHF, moins on va vite, et moins on a besoin de s'alimenter (ce que j'ai mis un peu de temps à comprendre pendant la course, habitué que j'étais à faire l'inverse...), vu que la part des lipides devient ultra-majoritaire, alors qu'en HCLF, on a toujours besoin de pas mal de glucides, même à faible allure, et que le stock de glycogène, même blindé par une recharge glucidique, soit s'épuise à la longue si on ne mange pas assez, soit s'équilibre, mais au prix d'un gros effort du système digestif. Du coup, sur un 100 km, le glycogène joue encore un rôle relativement important au niveau du % de la consommation énergétique, le reste se répartissant entre les apports externes et les lipides, mais ce n'est pas le cas sur des durées plus longues. Je pense d'ailleurs que ma légère recharge glucidique les jours précédent la course n'était pas nécessaire, et même un peu contre productive (pour la filière lipidique), l'allègement progressif de l'entraînement au cours des 3 dernières semaines étant bien suffisant pour reconstituer les stocks. C'est une histoire de réservoirs et de débits qui différent selon l'entraînement mais surtout selon l'alimentation. Billet à venir sur le sujet sur ce blog, qui viendra mettre à jour celui sur l'hydratation et l'alimentation en course (qui est uniquement valable en HCLF...) en faisant des comparatifs en fonction non seulement des durées de course, mais aussi de la capacité à oxyder les lipides !


Perspectives / Courses à venir

Je vais donc poursuivre dans cette voie (LCHF), et tester une alimentation davantage naturelle en course (idées bienvenues d'ailleurs sur ce qui peut être pris en liquide ou solide, et si possible facile à conditionner). L'objectif est toujours de mieux me connaître, et que la course soit la plus facile et agréable possible (ainsi que l'entraînement), la performance étant uniquement une conséquence, et non un objectif en soi.

Si mon principal objectif pour 2017 est évident (Spartathlon les 29 et 30 Septembre), reste à déterminer quoi faire d'ici là. Je pense faire deux ou trois 10 km et un semi entre Janvier et Mars. J'hésite encore entre un marathon et un 100 km au printemps, sachant que le marathon en performance me semble risqué en LCHF (voir même le semi), et que j'aimerais bien tenter un sub-8H sur 100 bornes (dans ce cas Chavagnes s'impose), mais que j'aime bien Belvès, qui plus tôt dans la saison, permet éventuellement un autre objectif en Juin (pourquoi pas le Grand Raid du Golfe du Morbihan, histoire d'aller titiller les traileurs sur un terrain mixte...). Le soucis étant que le Grand Raid du Golfe n'est pas compatible avec les 100 km de Mécleuves que j'aurais bien aimé courir, car j'avais déjà manqué la première édition il y a 2 ans. Bref, il y a le choix, et j'ai encore du temps pour me décider.

Je devrai également trouver une course de 100 km (ou équivalent en course horaire), environ un mois avant le Spartathlon pour remplacer les 100 km de Theillay, sinon j'opterai pour un grosse sortie « off » d'une dizaine d'heures.

Je peux maintenant en parler (c'est déjà fait sur le forum ADDM), mais je m'étais promis de monter sur 6 jours dès que j'aurais réussi 235 km sur 24 heures en terminant en bon état. Je m'intéresse en fait au sujet depuis plusieurs années, mais je le gardais pour moi. Je pense éventuellement démarrer par un 72 heures pour voir si ce format me plaît vraiment (il y a toujours une belle différence entre le rêve et la réalité du terrain...), et sans me prendre la tête, juste avec quelques grandes lignes à suivre au niveau allure, sommeil, et alimentation. Il est d'ailleurs possible que je m'inscrive au 72 heures à Privas dès 2017 dans le cadre des 6 jours de France. Si la date est la même que cette année, ça n'est que 3 semaines après le Spartathlon, mais le but sera uniquement de voir et d'apprendre en vue d'un 6 jours complet en 2018, et pas de faire une perf.