Préambule
En
arrivant avec Serge, l'entraîneur de mon nouveau club « Running
92 » (mais je connais Serge depuis quelques années), qui
me fait l'honneur de venir faire mon assistance (ça sera son premier
24 heures en fait) à Vierzon vendredi après-midi pour
retirer mon dossard (N° 268), j'ai quelques certitudes, mais surtout
beaucoup de doutes. En plus, Serge n'a pas arrêté de répéter au
club que j'étais fort sur 24 heures, je n'ai donc pas intérêt à
« bâcher »...
Déjà
ma présence à Vierzon n'est due qu'à mon échec à
atteindre 216 km à Champigneulles en Juin dernier (214,9
km...). Mais la suite montrera que c'était un mal pour un bien, et
je peux maintenant remercier Philippe, au lieu de le maudire, d'avoir
élaboré ce parcours bosselé et surtout boueux grâce à la pluie
abondante... ! En effet, si j'avais atteint les 216 km
(qualification directe pour le Spartathlon 2017) en Lorraine,
je ne serais pas venu sur les quais du Cher, mais j'aurais
plutôt participé aux 100 km de Millau ou d'Amiens.
J'avais également envisagé Amiens pour tenter les moins de 8
heures (là aussi, qualification directe pour le Spartathlon),
et même orienté mon entraînement en ce sens jusque mi-Août, mais
je me sentais très limite pour cet objectif, donc retour à du
spécifique 24 heures pour « assurer » ces fichus 216 km.
Ma
hantise était ce problème de cheville survenu fin Août (après les
100 km de Theillay), j'avais du beaucoup alléger
l'entraînement pendant 10 jours, et même si depuis je n'avais pas
eu de douleur à ce niveau, je craignais que cela ne revienne au bout
de X heures de course.
Un
autre sujet d'incertitude était le dos, car aussi bien à Vierzon
il y a deux ans qu'à Champigneulles cette année, j'avais
fini à la marche car les dorsaux avaient lâché (c'était même
spectaculaire à Champigneulles). Je pense que
c'est du à la répétition de mauvais appuis sur un circuit avec de
mauvaises conditions (pluie) où à chaque fois j'avais cherché à
éviter de trop mettre les pieds dans l'eau. Je n'ai pas ce soucis
sur les courses en ligne comme le Spartathlon.
Enfin,
la grosse nouveauté c'est mon changement d'alimentation depuis début
Juillet. J'avais commencé quelques semaines avant Champigneulles
à m'intéresser à l'alimentation LCHF, en lisant les articles de
Philip Maffetone
(qui a entre autres entraîné Mark Allen), j'ai ensuite
commandé un de ses ouvrages. Je ne savais pas trop ce que ça
pourrait donner sur une durée de course aussi longue.
Entraînement – Alimentation
Pour
résumer mon entraînement depuis les 24 heures de Champigneulles,
(les 11 et 12 Juin), j'ai repris le week-end suivant pour monter en
charge tranquillement jusque fin Juin, puis j'ai profité de 10 jours
en Crète début Juillet pour faire des bornes à faible
allure avec dénivelé et chaleur tout en débutant le LCHF
(abréviation en Anglais pour « Low Carb – High Fat »
ce qui signifie pauvre en glucides et riche en lipides, soit
exactement le contraire de ce qu'on préconise habituellement pour
les sportifs d'endurance...), ce qui était propice avec
l'alimentation locale. J'ai divisé mes apports en glucides par 4 ou
5, passant de ~400/500 grammes par jour à ~100 grammes, ce qui peut
sembler beaucoup pour les puristes (sédentaires) du LCHF, mais ce
qui est peu compte tenu de ma pratique sportive. Concrètement, cela
signifie d'arrêter de manger du riz blanc, des pâtes, des pommes de
terre, tout ce qui a un goût sucré (sauf les fruits pas trop
sucrés), et en général tous les aliments transformés. Je conserve
tout de même une petite portion de riz complet, lentilles, ou autre
légumineuse au déjeuner. En contre partie, je mange davantage de
légumes, de poissons gras (saumon, hareng, sardines, …), beaucoup
d'œufs, de fromages (brebis et chèvre surtout), d'avocats, de noix,
et même de la charcuterie artisanale. Tout ça avec pas mal d'huile
d'olive, de beurre, ou de crème fraîche. Je mange aussi de la
viande, mais pas plus qu'avant. Coté boissons, j'ai la nette
impression que je bois moins d'eau qu'avant (sans doute que la
moindre quantité de glycogène nécessite moins d'eau pour se
reconstituer). Je bois régulièrement du vin rouge (un ou deux
verres), et souvent une bière après l'entraînement.
J'ai
commencé à ajouter des séances de côte et de vitesse rapides,
mais sur des durées très courtes (10 à 20 secondes), et avec des
récupérations complètes (2 minutes et plus). Le but de cette
première phase est de travailler l'endurance et la force sans faire
monter le cardio, quitte à marcher dans les côtes trop pentues. Je
suis ce principe depuis plusieurs années, mais là j'ai été plus
strict, suivant en cela les préconisation de Philip Maffetone
(au niveau de l'entraînement, sa philosophie est proche de
Cottereau), faisant attention à ne pas dépasser 75% FCM, 80%
grand maximum ponctuellement en côte. J'ai effectué 3 sorties
longues à jeun en Crète, et j'ai été bluffé par la façon
dont mon corps s'est rapidement mis à être performant pour utiliser
les lipides durant ces efforts à basse intensité. En effet, si
durant la première SL, j'ai du, comme à mon habitude, commencer à
m'alimenter régulièrement au bout de 2h30 après un début
d'hypoglycémie, lors de la seconde, je n'ai pris qu'une bière pour
plus de 4h de course, et sur la troisième, j'ai tourné uniquement à
l'eau sans aucune baisse d'énergie durant 4h30 (43 km d'un parcours
bien vallonné sous la chaleur). C'était vraiment spectaculaire et
motivant pour poursuivre dans cette direction.
Mi-Juillet,
j'ai commencé à ajouter de l'endurance aérobie (bas de la
résistance douce, vers 80% FCM), c'est assez pratique et efficace de
courir à la FC ou aux sensations quand il fait chaud, plutôt que de
vouloir maintenir une certaine vitesse. À ce moment, je courais
aussi mes sorties longues à allure 100 km (proche de 75% FCM), ayant
dans l'idée de m'entraîner pour les 100 km d'Amiens. Fin
Juillet, je suis monté en intensité avec de l'allure marathon (vers
85% FCM), et un peu de seuil anaérobie (proche de 90% FCM), c'est là
que j'ai commencé à avoir des soucis que je n'avais pas d'habitude,
même sur des séances de seuil de faible volume : au bout de 4
ou 5 km cumulés à cette allure, je n'avais plus d'énergie. J'ai
peu à peu résolu le problème en utilisant une boisson énergétique
faiblement dosée avant et pendant la séance, mais je n'ai jamais
fait de grosses séances de ce type pour ne pas risquer de m'épuiser.
J'ai fait pas mal de séances de « lactate shuttle »,
consistant à alterner des portions de 3 minutes environ au seuil
anaérobie et aérobie (la moyenne étant plus ou moins de l'allure
marathon), ce qui est très efficace pour améliorer l'endurance en
jouant sur le recyclage des lactates (je n'ai pas encore trouvé plus
efficace comme séance en termes de ratio profit / difficulté).
Mi-Août,
suite à une sortie longue test sur un marathon (en 3h17) le long du
Canal de l'Ourcq / Parc de la Poudrerie, accompagné par
Jean-Jacques à vélo, j'ai décidé de laisser tomber mon objectif
100 km car je m'estimais trop juste pour tenter 7h59 (avec le recul,
je pense que c'était jouable car j'ai progressé entre-temps). J'ai
un moment pensé à participer aux 24 heures d'Albi, mais j'ai
rapidement opté pour Vierzon car c'était plus près et en
même temps qu'Amiens ce qui ne changeait pas ma préparation,
sauf les sorties longues à ralentir et à rallonger. De plus je
pensais que c'était la dernière édition de Vierzon à
laquelle je pouvais participer, vu que je croyais à ce moment là
que la dernière serait en 2017 à l'occasion des France de 24H.
Et que je n'y serai pas si j'allais au Spartathlon (je n'ai
appris que récemment que ça n'était qu'une rumeur et que les 24
heures de Vierzon continuaient au moins jusqu'en 2018...). Je
me suis donc inscrit aux 100 km de Theillay pour,
malheureusement, la dernière édition (c'est la 6e fois de suite que
je cours ce 100 km, et toujours en préparation, soit des 24 heures
de Vierzon, soit du Spartathlon).
Samedi
27 Août, j'ai terminé Theillay facilement et m'en
m'alimentant assez peu grâce au LCHF, juste sous les 10 heures, ce
qui est un peu lent pour mon allure de départ 24 heures, mais il
faisait très chaud (37°C), et j'ai levé le pied sur la seconde
partie. Par contre, le lendemain, j'ai ressenti une douleur à la
cheville droite. Il faut dire que j'ai couru ces 100 km avec des
chaussures n'ayant plus beaucoup d'amorti (une technique pour
renforcer muscles et tendons), mais ça n'était pas très malin car
vu la chaleur mes « runnings » ont rendu l'âme. Vu que
ça n'était plus qu'une gêne le mardi suivant, je suis allé
courir, mais en moins d'une heure ça a gonflé (un bon centimètre
sur le diamètre) et je boitais le lendemain. En regardant sur
internet, la plupart des symptômes du syndrome des loges y étaient,
je ne donnais pas cher de ma participation aux 24 heures à ce moment
là, ni même de la suite de la saison... Je décidais alors de
couper le temps qu'il fallait pour ne plus avoir aucune gêne à la
marche, et j'ai recouru 15 km le dimanche suivant, c'était beaucoup
mieux mais une légère douleur est réapparue sur la fin. Finalement
tout est rentré dans l'ordre quelques jours plus tard, et j'ai pu
faire quelques sorties longues, dont une de 6 heures sur les bases de
9 heures au 100 km sans soucis et avec une grande facilité, 3
semaines avant le 24 heures. De même pour les quelques séances un
peu « intenses » que ce soit de résistance douce ou de
vitesse. J'ai néanmoins attendu le dernier moment avant
l'augmentation de tarif pour m'inscrire. J'ai diminué
progressivement le volume d'entraînement sur les 3 dernières
semaines tout en conservant un peu d'intensité.
Mon
volume kilométrique a été de 554 km en Juillet, 489 km en Août,
et 437 km en Septembre (soit à peine plus de 110 km par semaine de
moyenne sur cette période de charge). Au regard du kilométrage que
s'envoient certains à l'entraînement (200 km est plus par semaine),
cela peut sembler peu vu mes objectifs, mais ma conviction est de
plus en plus qu'il ne faut pas trop en faire, mais le faire bien, et
surtout au bon moment ! J'aurais tout de même souhaité
effectuer un peu plus de volume en intensité (résistance douce
essentiellement), mais mon apprentissage au niveau du LCHF a calmé
mes ardeurs, ce qui n'est peut-être pas plus mal, le mieux étant
l'ennemi du bien. Par contre au niveau volume en endurance et séances
de vitesse / côtes, j'ai pu faire ce que je voulais sans soucis. Je
n'ai bien entendu effectué aucune séance de VMA, et je n'ai même
guère dépassé le seuil (90% FCM) au niveau intensité cardio, ce
que je ne regrette pas. Par contre, en cumulant les portions rapides
de mes séances de vitesse, j'ai couru plusieurs dizaines de km à
plus de 20 km/h.
Je
suis donc arrivé très frais à Vierzon, en ayant retrouvé
le même niveau que l'an dernier avant le Spartathlon, voir un
peu mieux, malgré une préparation plus légère. En fait ma FC
variait de 65% FCM à 11 km/h à 90% FCM à 16 km/h, soit juste 5% de
plus par km/h, et ceci d'une façon quasiment linéaire. Un
des avantages de l'alimentation LCH, c'est gain de poids de forme de
2 kg, ce qui n'est pas négligeable en passant de 59 à 57 kg, alors
qu'avant, je commençais à manquer d'énergie sous les 59 kg. J'ai un peu
augmenté mes apports en glucides durant les 3 jours précédant la
course, mais pas plus de 300 grammes par jour je pense, ce qui m'a
semblé beaucoup vu mes nouvelles habitudes. L'idée est de recharger
les muscles en glycogène sans impacter ma nouvelle capacité à bien
oxyder des lipides. Pour être honnête, je ne sais pas si ça sert à
grand chose, et même si ça n'a pas plutôt un effet négatif. Le
vendredi soir à la pasta, j'ai apporté mon repas : un avocat,
deux œufs durs, du tofu, du riz complet, du fromage, et une banane.
Sans oublier un verre de vin rouge (et une bière avant).
Pasta party (crédit photo : Serge Milon) |
Objectifs
S'il
est clair que mon objectif minimum est d'atteindre les 216 km (c'est
la dernière occasion avant l'inscription pour le Spartathlon
2017 qui se fait en Janvier / Février, sinon je devrai m'en remettre
au tirage au sort n'ayant pas atteint cette marque en 2015 et en
2016), ma forme m'autorise à viser un peu plus haut, pour passer la
barre des 230 km, et ainsi améliorer ma meilleure marque sur le
double tour d'horloge (227,645 km) établie ici même dès ma
première tentative (coup de bol comme souvent en ultra quand on a
pas idée de ce qui attend). De plus les conditions vont être
favorables : soleil avec 16°C le jour et 4°C la nuit, un peu
frais avec du vent de prévu, mais cela reste quasiment idéal par
rapport à mes trois derniers 24 heures ! Au vu de ma forme et
de la météo, j'envisage de partir à 11 km/h pour passer le
marathon en 3h50, les 100 km en 9h10 / 9h15, puis les 12 heures avec
128 / 129 km (si tout va bien), avant de commencer à gérer la perte
de vitesse, et de moduler l'objectif en fonction de mon état (216 km
en passant avec 128 km à mi-course, c'est « seulement »
88 km à faire sur les 12 dernières heures, soit guère plus de 7
km/h). Je ne m'occuperai pas des autres concurrents, hormis
éventuellement sur la fin, une fois les 216 km assurés. De plus ce
départ rapide, s'il n'est pas optimal pour viser 230 km, laisse la
porte ouverte aux 240 km, objectif rêvé de nombreux circadiens :
courir pendant 24 heures à plus de 10 km/h de moyenne.
Au
delà des kilomètres, le but est de me faire plaisir et de vivre le
mieux possible la course, en étant le plus facile possible le plus
longtemps possible, et en finissant en étant toujours en capacité
de courir. Au niveau des tests, il s'agit de voir ce que va donner
l'alimentation LCHF sur une durée de course aussi longue, et si les
apports que j'ai prévus en course seront suffisants durant 24
heures, ou s'il faudra que je m'alimente davantage dans la nuit.
Jusqu'à présent, j'ai toujours subi une nette baisse de régime au
bout de 15 ou 16 heures de course : saturation au niveau
digestif, un relatif confort étant retrouvé en diminuant nettement
les apports énergétiques, mais au prix d'une nette baisse d'énergie
et donc d'un ralentissement sensible. Je buvais aussi beaucoup la
nuit, ce qui occasionnait de très nombreuses poses techniques ainsi
que de la rétention d'eau. Je suis donc curieux de voir ce qui va se
passer (ou pas) dans un sens positif (ou négatif).
Alimentation et hydratation en course – Logistique
Avant
de tester le LCHF, je prenais environ 200 Kcal répartis en 4 ou 5
prises par tranche de 10 km (j'avais même commencé à 250, ma
tactique initiale étant de m'alimenter le plus possible pour fournir
le plus d'énergie possible). Suite aux différents tests effectués
à Theillay et en sortie longue (à 100 Kcal par 10 km), je
décidais de partir sur ~120 Kcal par 10 km craignant de manquer un
peu de jus dans la nuit, soit 100 Kcal fournis par de la boisson
énergétique, et le reste par quelques morceaux de banane plus
quelques verres de bière aux kilométrages clé (100, 150, 200, et
216 km).
J'utilise
deux boissons énergétiques : une boisson sucrée :
« Isostar energy sport drink, orange flavor » qui
a remplacé « Isostar long distance, goût orange »
(en fait c'est exactement la même chose dedans, on arrête pas le
progrès...), et une boisson salée : Nutrarécup
légumes qui a le goût de la soupe au potiron. Ces deux
boissons contiennent un dosage classiques de glucides à IG élevé
et de glucides à IG bas (maltodextrine). En plus, Nutrarécup
contient des protéines (dont des BCAAs) et davantage de sodium, j'ai
d'ailleurs rajouté un peu de sel dans la boisson sucrée qui en
contient trop peu, même si vu la température ça ne devrait pas
être un problème. Je me suis promis d'arrêter ces « cochonneries »
de boisson d'effort, mais de par le coté pratique du
conditionnement, et surtout par volonté de ne pas tout changer d'un
coup (ça fait plus scientifique que d'écrire par flemme...), j'ai
préféré les conserver lors de mes sorties tests, et je ne vais pas
changer ça le jour de la course ! Il faudra vraiment que je m'y
mette dès cet hiver lors de mes sorties longues. Bon, vu que je vais
en prendre deux fois moins, c'est déjà un progrès !
Pour
faciliter le travail de Serge, je prendrai un porte bidon (bidon de
600 mL), celui que je prends sur des courses en ligne comme le
Spartathlon. J'ai préparé 25 sachets de 25 grammes chacun
(soit environ 100 Kcal par sachet). Un sachet est prévu pour 10
tours (donc 10 km). J'ai 3 bidons ce qui permet d'en préparer au
moins un à l'avance en fonction de ce que je souhaite (sucré ou
salé) et laisse près d'une heure à Serge pour prendre des photos,
aller manger, etc... J'appliquerai la méthode Cyrano dès le
départ : je compte boire 1/5 du bidon tous les deux tours en
marchant environ 40 secondes à partir de ma table de ravitaillement.
Je prendrai de temps en temps un morceau de banane et/ou un verre de
Saint-Yorre si je ressens le besoin de manger ou de boire un
peu plus. Cela me donne une autonomie totale de... 260 km, compte
tenu que je ne mettrai que de l'eau dans le premier bidon afin de
bien finir la digestion du petit déjeuner, même très léger. La
panoplie est complétée par une ceinture porte-dossard.
Coté
chaussures, je reste fidèle aux Asics Noosa Tri, et j'ai des
Asics GT 2000 en réserve pour avoir davantage d'amorti
au cas où. Pour les vêtements c'est du classique avec divers
maillots manches courtes et longues, des deuxièmes couches plus
chaudes, des coupe-vent, deux paires de gants, un bonnet, un bandeau
pour les oreilles, une écharpe, des shorts longs, et un collant. Le
plus gros du textile c'est des maillots récupérés sur des courses
ou du D4 de base.
Comme
d'habitude, je ne prévois absolument rien au niveau infirmerie :
soin des ampoules, bande élasto, … Et encore moins au niveau
« médical », même pas de cachets de sporténine, ni
d'aspirine. Je ne prends aucun complément alimentaire tout au long
de l'année, ça n'est pas pour commencer le jour de la course !
J'ai
configuré ma montre en désactivant le GPS (pour avoir assez
d'autonomie), et en affichant un seul écran avec quatre
informations : le numéro du tour, l'heure, la chrono, et le
temps au tour. Ainsi, vu que le circuit mesure 1 000 mètres
pile, j'aurai le temps au km à la fin de chaque tour. De plus, je
saurai quand me ravitailler sans avoir à réfléchir : si le
numéro du tour est pair, car au bout d'un certain nombre d'heures on
ne sait plus trop ce qu'on a fait lors du précédent passage aux
stands. Bon ça m'étonnerait que je n'oublie pas de « lapper »
des tours durant 24 heures, mais au moins ça devrait aider sans
avoir à solliciter Serge.
Plan du circuit (source : organisation COUC) |
Avant
le départ
Après
une bonne nuit, je me réveille vers 7h30, et je mets un peu de gel
sur tous les points de frottement, sauf au niveau des pieds où je ne
fais aucune préparation spéciale, juste bien tailler les ongles.
Nous partons ensuite pour un petit déjeuner très léger pour moi
(un café, une tartine beurrée, et une banane). Nous partons ensuite
pour organiser un peu les affaires à la table de ravitaillement, et
je briefe un peu Serge sur ce qu'il aura à faire.
Top départ, entre Daniel Terranova et Franck Milon (crédit photo : Serge Milon) |
100 km en 9 heures pile
Le
parcours de liaison jusqu'au circuit est globalement en légère
descente, et le rythme est assez tranquille, il semblerait que
personne n'ose partir seul devant. Après avoir failli nous tromper
de chemin, nous arrivons sur le tapis de chronométrage à l'entrée
du hall : premier lap en moins de 5 minutes, oops... En fait
cette liaison faisait moins d'un km (887 m précisément), ce
qui fait que le nombre de laps à ma montre est un peu supérieure
(de 113 m) au nombre de km parcourus, mais la différence
deviendra négligeable au fil des heures.
Les
premiers tours c'est juste pour se mettre en route et bien repérer
le terrain, même si je le connais déjà, vu que c'est ma 4e
participation, mais deux virages ont été supprimés par rapport à
2014, ce qui est un avantage quand on sait ce que coûtent les appuis
en courbe et les relances au fil des heures. Les seules petites
difficultés sont les deux virages à gauche : un pour descendre
sur le chemin bitumé à l'extérieur du parc des exposition, l'autre
pour remonter dans le parc au bout de ce chemin. Le parcours est
totalement bitumé, avec un bon revêtement, et les bénévoles ont
impeccablement balayé le moindre gravillon, et je n'aurai pas une
seule fois à m'arrêter pour enlever un cailloux d'une chaussure,
chapeau ! Sur les 1 000 m du circuit, il y a environ
150 m abrités et avec du béton au sol dans le hall en deux
passages, dont un avec le chronométrage et les tables de
ravitaillement.
Nous
sommes trois à l'avant de la course : Sébastien, sur le
2 x 6 heures, qui a prévu de s'arrêter au bout de 4 heures, car il
est inscrit aux 24 heures d'Albi dans deux semaines, Daniel
souvent adepte des départs rapides, et Christophe Laborie,
coureur plutôt spécialiste des 6 jours.
Début de course avec Sébastien et Christophe (crédit photo : Serge Milon)
|
Il
fait frais, mais pas froid en ce début de 24 heures, et je préfère
rester bien couvert, d'autant plus que le soleil ne daigne pas encore
se montrer. La première heure file vite et le cycle des
ravitaillements s'installe : je marche tous les laps pairs à
partir de ma table de ravitaillement, et jusqu'au début du virage
suivant, soit plus ou moins 40 secondes. Pour le moment je n'ai pas
oublié d'appuyer sur le bouton « lap » de ma montre à
chaque passage sur le tapis de chronométrage. Nous reprenons
rapidement les derniers concurrents qui font la course intégralement
à la marche. Je ne tourne qu'à l'eau sur ces 10 premiers km. Pour
le moment je m'applique à être le plus facile et relâché
possible, sans trop me préoccuper de l'allure qui ne devrait pas
être trop éloignée de ce que je pratique à l'entraînement, voir
un peu plus lente sur les premiers kilomètres. En fait, vu que le
tour fait pile 1 km, je ne peux m'empêcher de voir mon allure en
bipant, et ça n'est pas vraiment le cas, car les km sont plutôt
vers 5'30'' pour ceux avec la portion de marche, et vers 5'15'' pour
les autres. Il faut vraiment que je pense à ralentir un peu, on
verra ça un peu plus tard. Les 11 km (ou plutôt les 10,887) sont
passés en 58'15'', mon chrono est calé à la seconde près avec
l'horloge digitale du chronométrage, ça fait plaisir.
J'hésite
à faire encore les 10 prochains km encore à l'eau, et finalement,
de peur de manquer, j'opte pour la boisson énergétique sucrée
comme prévu. En fait avec le sel que j'ai rajouté, elle a un petit
goût salé, ce qui n'est pas désagréable. Juste après la bosse,
il y a un point d'animation car Étienne
a garé sa voiture là, le coffre ouvert juste au bord du circuit,
pour y placer son ravitaillement personnel pas trop réglementaire :
un fût de bière, impressionnant de par son volume, qui lui tient
lieu de boisson énergétique unique ! Il en proposera
généreusement à tous les concurrents tout au long de ces 24
heures, mettant beaucoup de bonne humeur sur le circuit. Au bout d'un
moment, je laisse partir Sébastien qui semble vouloir aller
un peu vite pour moi, sachant que je vais déjà trop vite, le tour
le plus rapide sera même effectué à ce moment là, soit 5'03''
pour un km. Serge se déplace en différents points du circuit
pour nous immortaliser avec son appareil. Les presque 22 km sont
atteints en 1h56, toujours aussi vite.
Christophe
qui courait avec moi jusque là me laisse filer, il accompagnera
désormais Christine David qui terminera 2e féminine de
l'épreuve. Le soleil fait une timide apparition et j'enlève mes
manchons (vraiment une bonne idée de les avoir pris par rapport à
mon habitude où je perdais du temps à me changer pour enfiler un
maillot manches longues). J'ai même dépassé Sébastien
suite à une pause technique. D'ailleurs je progresse à ce niveau,
car je n'ai du m'arrêter qu'une ou deux fois pour me soulager la
vessie depuis le départ. J'ai du attaquer les bananes à ce moment
là, mais juste de petits morceaux, et peu fréquemment. Sébastien
ne me rattrape pas, et même je lui prends un peu de terrain car je
ré-accélère imperceptiblement. 34 km en 3 heures pile, j'ai
effectivement légèrement augmenté l'allure.
35e tour (crédit photo : Serge Milon) |
Je
passe le marathon en 3h44 (en fait 3h42 au 42e tour), soit bien plus
vite que la fourchette que j'avais indiquée à Serge (3h50 –
3h55), c'est plus d'un km d'avance. Je tourne toujours à la boisson
énergétique sucrée, sans Saint-Yorre en plus pour le
moment, entre 500 et 600mL par 10 km, ce qui est très suffisant
compte tenu du temps. Certains coureurs sont plus réchauffés que
d'autres et tournent désormais en t-shirt, même depuis le départ
pour certains. Étienne est même torse-nu, son carburant aidant. Je
dépasse les 45 km en 4 heures de course, au moment où Sébastien
s'arrête, puis les 50 km en 4h26. J'ai presque envie d'une bière à
ce moment là, mais c'est beaucoup trop tôt pour avoir droit à
cette gratification. Les tours oscillent toujours entre 5'10'' et
5'30'', c'est vite, mais je suis toujours très facile, même encore
plus qu'au début, ça ronronne !
Dans
l'après-midi le soleil est de sortie, même s'il est encore de temps
à autre voilé par quelques nuages joueurs. L'essentiel est qu'il y
a peu de vent. Pas de quoi surchauffer (le thermomètre doit flirter
avec les 16°C à l'ombre), mais autant courir désormais en t-shirt,
car si je conserve deux couches, ça risque de faire frais la nuit
par comparaison. Jusqu'à présent je n'ai fait qu'enlever des
vêtements, ce qui peut se faire en courant sans avoir à enlever la
ceinture porte bidon ou le porte dossard, aucun arrêt intempestif
pour le moment donc. Je commence également à prendre un verre de
Saint-Yorre de temps à autre, mais assez peu.
Ravitaillement (crédit photo : Serge Milon) |
Je
prends régulièrement des tours à tous les coureurs qui me suivent
au classement, et je ne sais pas quelle avance j'ai, et je m'en moque
bien à ce niveau de la course où je ne me préoccupe que de mon
propre rythme et de mes sensations, mais ce qui m'inquiète un peu,
c'est que d'habitude c'est moi qui laisse filer les autres devant et
qui suis dans la position du « chasseur » pour remonter
plus tard, donc inversion des rôles, due autant à mon départ
rapide qu'à celui plus prudent des autres. J'ai dépassé les 56 km
en 5 heures. Je n'éprouve aucune lassitude à courir en rond, et
même pas mal de plaisir.
Les
6 heures de course sont toujours un passage important, car on arrive
au premier quart de l'épreuve (un demi tour d'horloge sur les deux),
et on peut considérer que l'échauffement se termine pour entre dans
le vif du sujet, même s'il est encore bien trop tôt pour commencer
à avoir le moindre problème, un peu comme les 10 premiers
kilomètres d'un marathon. De ce point de vue je suis tout à fait
serein, mis à part ma vitesse toujours bien rapide même si j'ai du
ralentir imperceptiblement, mais je tourne toujours à un bon 11 km/h
de moyenne. Je remets mon coupe vent sans manches, je veux absolument
ne pas avoir froid au niveau du ventre, ce qui occasionne mon premier
arrêt très bref (Serge est efficace) aux stands, et mon
premier tour en plus de 6 minutes (6'02''). Je ne suis pas loin des
68 km en 6 heures, amusant car c'est à moins de 100 mètres près la
marque que j'avais réalisée lors de mon premier ultra : un 6
heures effectué en Mai 2009 à Villennes chez Nadine.
J'avais terminé bien fatigué, les pieds perclus d'ampoules, et
incapable de m'alimenter durant les deux dernières heures (j'avais
amené un stocks de gels...), mais surtout ravi d'avoir pu connaître
des personnes formidables, dont Thierry Douriez pour n'en
citer qu'une. C'était le début d'une passion jamais démentie, et
que de chemin parcouru depuis, puisque me voilà frais comme un
gardon, comme si je venais de faire une sortie d'une heure, sauf
qu'il en reste encore 18. Les ombres s'allongent, et la température
est toujours assez douce, voir même idéale pour le moment. Les
coureurs du 2 x 6 heures se sont arrêtés, ils ont droit à un repos
mérité, avant de reprendre à 5 heures du matin pour leur deuxième
6 heures.
Vers 17h30 (crédit photo : Serge Milon) |
À
18 heures, je me souviens avoir dit à Serge que la forme
allait en s'améliorant car je m'entraîne le plus souvent le soir et
que j'avais tendance à accélérer de nouveau, ce qu'il me conseilla
de ne point faire évidemment. Je suis à plus de 78 km en 7 heures,
et je prends toujours 2 km d'avance par heure sur les 216 km (moyenne
de 9 km/h sur 24 heures), enfin c'est comme ça que je vois les
choses, sachant que cette avance pourrait bien fondre comme neige au
soleil plus tard dans la nuit. « Ce qui est pris n'est plus à
prendre » ne fonctionne pas toujours, et même pas souvent en
ultra. Je commence à prendre un bidon de boisson salée à ce moment
là, et je compte alterner sucré et salé en début de nuit avant de
prendre davantage de salé. Le double marathon est franchi en 7h32,
ce qui signifie que je n'ai en fait pas beaucoup ralenti (3h44 +
3h48). Je vais désormais m'attacher à être le plus facile possible
pour ne pas être en moins de 9 heures aux 100 km, ce qui
constituerait tout de même bien 2 km d'avance sur mon tableau de
marche le plus rapide !
La
nuit est désormais tombée sur le circuit, mais il y a encore pas
mal d'animation. La musique n'est pas trop soûlante, pas toujours à
mon goût, mais le volume sonore reste raisonnable. Tant mieux car je
ne cours jamais avec un casque sur les oreilles. Je ne sais plus vers
quelle heure précisément, mais à ma grande surprise, j'aperçois
Jean-Jacques au bord du circuit. Je ne m'y attendais
absolument pas car le coquin m'avait dit qu'il n'était pas
disponible ce week-end là, et je m'étais alors tourné vers Serge
pour m'assister. En fait, à part moi, tout le monde était au
courant que Jean-Jacques viendrait à Vierzon. Cela me
fait évidemment un grand plaisir, car Jean-Jacques, en plus d'être
un ami, me connaît bien pour m'avoir déjà supporté plusieurs fois
sur 24 heures ou sur 100 km, et il pourra au cas où relayer
efficacement Serge. Par contre je n'ai pas besoin d'être
« boosté » pour le moment, il faut juste que je reste
facile le plus longtemps possible. Vu que je suis le seul à courir à
ce rythme, je n'ai personne avec qui faire la route, mais le parcours
est propice pour croiser de nombreuses fois les autres coureurs, ce
qui donne souvent lieu à des encouragements de la voix ou d'un petit
signe. À ce stade, il est également facile de zigzaguer « en
souplesse » entre les marcheurs.
Plus
de 89 km en 8 heures (un tiers de la course), à chaque heure de
course les organisateurs annoncent le classement, et je prends de
plus en plus le large. Au niveau du chronométrage, à l'entrée du
hall, il y a un écran où le nom des derniers coureurs passés
s'affichent avec le classement, le kilométrage effectué, le temps
du dernier tour, la vitesse moyenne depuis le départ, ainsi qu'une
prévision du kilométrage final, non pas linéaire comme c'est
habituellement le cas, mais utilisant un algorithme que j'essaie de
comprendre (ça occupe) : mon « potentiel » ne cesse
d'augmenter alors que je ralentis un peu, à ce moment je dois passer
les 240 km alors que je n'étais que vers 230 dans les premières
heures. Le concepteur est sans doute adepte des « positive
split » importants ! Cela semble aussi dérouter certains,
dont Serge qui croit même que je suis en train d'accélérer
en voyant que cette prévision ne fait qu'augmenter. Je n'ai pas le
souvenir d'avoir eu mal au jambes à ce point là, même pas un peu,
et rien à signaler du coté tendineux. Ma cheville se fait elle
aussi toujours oublier. Je n'ai toujours oublié aucun lap au bouton
de ma montre depuis le départ, signe de lucidité et de
concentration. Je cours toujours sans effort en petites foulées dans
l'unique courte côte du circuit. C'est le début de la nuit, il fait
toujours relativement doux, et j'aime bien ce moment là, ce sont
généralement mes meilleurs heures, et cela devrait durer jusque
vers 2, voir 3 heures du matin si c'est comme d'habitude.
J'ai
enfin réussi à ralentir un peu durant cette 9e heure, ça n'est pas
trop tôt, disons que j'ai quitté le mode « frein à main »
pour passer au mode « vitesse naturelle sans forcer ni
freiner », ce qui est en fait le plus agréable. Pas mal de
concurrents ont commencé à beaucoup marcher ou à faire de longues
pauses, ce qui n'est pas du tout dans mes envies actuellement, ça
serait plutôt la binouze du 100e qui se rapproche ! Je commence
à calculer qu'il ne me restera plus que 116 km à effectuer en 15
heures, le calcul mental est encore assez facile pour l'instant :
cela fait moins de 8 km/h. Plus que 3 tours avant les 100 bornes, je
commande ma bière à l'avance pour le 100e tour, soit 99,887 km pour
le passage sur le tapis, et pile 100 km lorsque je marcherai verre en
main, à partir de ma table de ravitaillement. C'est chose faite en 9
heures pile, en fait je passe sur le tapis en 8h58'30''. Là encore
c'est très proche du chrono sur mon premier 100 km à Chavagnes
en 2010, à peine 3 minutes de plus, cela me fait sourire quand je
pense aux quadriceps en béton que j'avais à l'arrivée, et que je
n'ai pas du augmenter ma VMA d'une dixième de kilomètre depuis.
Toujours est-il que je profite du service impeccable pour déguster
mon verre de bière : de la Corona, c'est ce que je
prends souvent après l'entraînement, certes pas le top au niveau
gustatif, mais c'est nettement plus savoureux que les boissons
d'effort, et ça passe bien vu sa légèreté (5°). Je bois le verre
en entier et jette le gobelet dans la poubelle prévue à cet effet,
très bien placée à la sortie du hall, mon prochain mini objectif
sera 108 km, soit la moitié de 216.
10e – 13e H : 2 heures de ralentissement maîtrisé et 2
heures de gros doutes
« Plus
que » 116 km, et tout va bien. Je conserve une allure de
croisière un peu supérieure à 10 km/h sans commencer à me rentrer
dedans. Le confort est total coté tendineux, musculairement ça
baigne aussi, tout juste si je commence à ressentir que j'ai des
muscles. Durant la soirée, la température baisse encore peu, et le
vent reste très modéré. Bref, tous les voyants sont au vert, il
n'y a qu'à gérer, et à « attendre » la suite des
événements. Les 108 km sont rapidement atteints (mentalement je me
dis que j'en ai déjà fait la moitié), et je suis même légèrement
au dessus des 110 km à la 10e heure, cela constitueras d'ailleurs
mon avance maximale (un peu plus de 10 km) sur une moyenne horaire de
10 km/h. J'aime bien le début de la nuit, ce sont même les heures
que je préfère, que ce soit sur 24 heures ou sur une course en
ligne comme le Spartathlon. Tout est encore relativement
facile, l'effort est naturel est fluide, nul besoin de se faire
violence, tout en ressentant le poids des kilomètres déjà
parcourus. La nuit, l'ambiance est plus feutrée, c'est le moment
propice pour bien se mettre dans sa bulle. Les tours et les ravitos
s'enchaînent sans y penser, je n'ai toujours manqué aucun lap sur
ma montre, c'est vraiment pratique pour le ravitaillement / Cyrano :
si le numéro du tour est pair je m'arrête au niveau de ma table .
C'est
alors que nous avons la visite d'Emmanuel (il a déjà
remporté deux fois ce 24 heures), qui nous fait le plaisir de venir
dire bonjour (c'était prévu) en revenant des Championnats de France
de 100 km à Amiens. On discute un peu à l'occasion de mon
plus long arrêt depuis le départ pour enfiler une deuxième couche
plus chaude à la place du coupe vent sans manches. Cet arrêt
occasionnera un tour en 7'30'', soit 8 km/h car il faut enlever la
ceinture porte-bidon ainsi que la ceinture porte-dossard, puis ne pas
oublier de les remettre, surtout le porte-dossard, vu qu'il contient
la puce... En fait, en vérifiant à posteriori, cela sera mon tour
le plus lent de toute la course, c'est dire l'efficacité des mécanos
Serge et Jean-Jacques ! Je demande à Emmanuel
comment ça a été sur son 100 km, il est un peu déçu car il n'a
fait « que » 9h15 alors qu'il était longtemps sur une
base de 8h30. Je lui dit en riant que j'ai fait mieux que lui en
passant en 9 heures au 100 km, mais que du coup j'ai du partir un peu
vite... Je passe les 120 km pile en 11 heures de course, toujours ces
10 km d'avance. Il ne me reste donc que 96 km pour parvenir à 216,
ce qui sauf blessure, doit vraiment être jouable en 13 heures, même
avec un gros coup de bambou que je compte pas connaître d'ici 2 ou 3
heures du matin, ce qui devrait me permettre d'ici là d'augmenter
encore ma marge de sécurité, histoire de terminer avec beaucoup de
marche si cela s'avérait nécessaire.
Mon
prochain objectif c'est tout simplement la mi-course où mes
prévisions de 128 – 129 km devraient être atteintes dans la
facilité. Sauf que je commence à ne plus être aussi bien et je
manque d'énergie, certes rien encore de méchant, mais ça n'est pas
normal aussi tôt. L'envie et le plaisir sont en baisse, je ralentis,
imperceptiblement sur la moyenne, et surtout je deviens irrégulier.
Je ne sais pas si c'est perceptible de l'extérieur, mais je garde ça
pour moi pour le moment. Je commence à boire davantage (de la
St-Yorre), à m'arrêter pour pisser, bref à subir la course,
alors que peu de temps avant tout allait pour le mieux. Bon, rien
d'alarmant car ça repart bien au bout de 2 ou 3 tours en prenant
davantage de morceaux de banane, sans doute que mon départ un peu
rapide conjugué au fait que je me suis nettement moins alimenté que
d'habitude ont eu comme conséquence que ce qui survenait
habituellement au bout de 15 à 16 heures est arrivé après à peine
plus de 11 heures d'effort ? Mais ça n'est qu'un feu de paille,
moins de 2 tours et ça recommence, en moins bien. Je ne suis même
plus à l'aise au niveau digestif, pourtant je n'ai pris que ce qui
passe bien d'habitude, et en moindre quantité. Je réfléchis :
peut-être ne me suis-je pas suffisamment couvert ? Mais pas
d'erreur de ce coté là, j'ai le ventre bien au chaud et au sec. Sur
ce arrive la mi-course : tout va bien au niveau du tableau de
marche : plus de 129 km en 12 heures, soit 2 km de mieux que mon
RP sur 12 heures, et 4 km de mieux qu'il y a deux ans ici même. Plus
que 87 km en 12 heures, je gagne toujours du temps sur cet objectif,
mais ces 12 heures s'annoncent très longues...
Je
ne dis toujours rien à Jean-Jacques ni à Serge mais
j'imagine que s'ils regardent le chronométrage ils doivent bien voir
que ma vitesse chute, et sans doute que cela doit être notable
visuellement. Chaque tour est désormais effectué entre 6'30'' et
6'50'' et j'ai tout de même assez de lucidité pour penser à
presser le bouton « lap » de ma montre quand je passe sur
le tapis. Je tente de m'alimenter davantage, mais sans succès, pas
d'envie ! Il n'y a plus que la boisson énergétique salée qui
passe un peu, ainsi que les bananes modérément. Je m'endors et je
commande un café tiède et sucré qui fait du bien et m'évite
peut-être de ralentir davantage. Je suis déjà dans le dur au
niveau énergétique, même si tout va bien par ailleurs :
muscles, tendons, pieds, ni trop chaud ni trop froid, etc. Je
commence à me résigner à laisser ma vitesse chuter pour viser,
disons 220 km, histoire d'avoir un peu de marge et de ne pas revivre
une « Champigneulles ». avec une moyenne de 7,5
km/h sur le reste de la course, ça devrait le faire, mais je ne suis
plus sûr de rien ! En réalité je suis en pleine phase de
gamberge, et je commence à penser « F.uck de p.tain de LCHF,
juste bon à me faire perdre de l'énergie plus tôt que
d'habitude », tout ça pour ça, c'est ridicule !
Bon
je me calme, car il me faut désormais me concentrer sur ces 220 km
et retrouver un minimum de sérénité, ce qui passe d'abord par le
retour du confort gastrique : vu que je me résigne à tourner
bien moins vite (disons 8 km/h de moyenne), je peux me permettre de
moins m'alimenter et je commence à moins boire dans mon bidon,
remplaçant en partie le liquide non absorbé par de la Saint-Yorre.
Le résultat ne se fait pas trop attendre, et mon estomac se fait à
nouveau oublier. Bon, tout ça je connais, mais la chose étrange
c'est qu'au lieu de continuer à subir un manque d'énergie en
luttant pour maintenir une vitesse dérisoire, il se trouve à
l'inverse que mon allure augmente à nouveau sans effort : mon
énergie augmente alors que cela fait plusieurs dizaines de minutes
que je m'alimente beaucoup moins. C'est toujours bon à prendre, je
pense à ré-augmenter les apports, mais vu ce que ça a donné
précédemment, et comme je suis de mieux en mieux, je décide juste
d'en profiter en continuant comme ça jusqu'à un début
d'hypoglycémie qui ne devrait pas tarder ! 13 heures de course
et plus de 138 km (plus que 78), j'ai parcouru à peine plus de 9 km
la 13e heure, mais mon allure est à nouveau proche des 10 km/h, pour
combien de temps encore ?
J'en
oublierais presque, deux tours plus loin, ma bière du 150e, mais j'y
pense à temps, et elle est tout aussi agréable que la première du
100e. Plus que 66 km à faire en 9h50 : Athènes se
rapproche ! À cause de la boisson et des bananes, j'ai les
doigts poisseux, et je demande à Serge un peu d'eau pour me
rincer les mains au prochain tour : j'ai droit à une bassine
d'eau tiède, c'est du **** ! Pour le moment point d'autre coup
de mou et encore moins d'hypoglycémie ; je reste donc sur des
apports énergétiques diminués plus ou moins de moitié par rapport
aux 12 premières heures, vu que cela semble bien convenir à mon
corps, je ne vais chercher ni à ré-augmenter, ni à diminuer
davantage. Je suis curieux et impatient de voir la suite. J'endigue
rapidement un début de « relâchement » en prenant un
second café (je m'autorise 4 ou 5 cafés maximum au total, ce qui
semble un bon compromis pour rester bien concentré sans avoir trop
d'effet diurétique). Sur l'écran de chronométrage, mon potentiel
se rapproche désormais des 250 km (ce truc est bizarre quand même).
Deux heures du matin et pile 158 km en 15 heures, je n'ai rien cédé.
14e – 20e H : 7 heures vraiment agréables et assez
faciles
Minuit
passé, il a a de moins en moins de concurrents sur le circuit, et
vraiment assez peu qui trottinent encore. Je suis vraiment très
bien, et j'ai même tendance à accélérer. J'évite de m'enflammer,
après tout ça n'est peut-être qu'une courte phase d'euphorie, du
genre de celle qui précède habituellement une hypoglycémie, sauf
que ça n'y ressemble pas. Je ne prends vraiment que deux ou trois
gorgées de boisson de mon bidon tous les deux kilomètres, et encore
pas tout le temps, et toujours un morceau de banane de temps à
autre. Je n'ai pas envie d'autre chose pour le moment. Ma vitesse
remonte, et je fais même un tour en 5'54'' et les autres proches des
6'. Une autre chose étrange est que je suis incroyablement lucide :
alors que d'habitude mes capacités de calcul se limitent à des
additions, voir à des soustractions, là je me lance dans les règles
de trois avec une belle facilité. Au passage des 144 km, je calcule
en 5 secondes que ça fait les 2/3 de 216, ce que j'annonce en
rigolant à Daniel que je croise à ce moment là (il mettra
un demi tour pour vérifier l'opération). Toujours pas de coup de
mou en vue, je dois même me freiner un peu par crainte de me cramer
trop tôt dans la course. Le temps passe à nouveau vite, et je
franchis les 148 km avant la fin de la 14e heure dans une forme
olympique (pas loin de 10 km couverts sur la dernière heure, et je
conserve plus de 8 km d'avance sur les 10 km/h).
148 km (crédit photo : Serge Milon) |
Le
temps se rafraîchit davantage, et j'enfile donc le coupe vent sans
manches par dessus ma 2e couche pour bien me protéger le ventre. À
un moment, Daniel m'interpelle pour me demander si je compte
avoir nine14 au téléphone pour être coaché sur mes temps
de passage, sur mon hydratation, et mon alimentation. Je ne sais pas
s'ils se connaissent en vrai ou par forum interposé, mais ça m'a
bien fait rire ! (note : ma réponse en privé uniquement).
Toujours est-il que je suis très lucide, et j'en deviens même un
peu pénible avec Serge, et j'ai du hausser le ton les rares fois où
il n'y avait pas de verre d'eau gazeuse ou de morceaux de banane à
l'avance. Vu que je bois beaucoup moins dans le bidon, il dure plus
longtemps, mais je préfère quand même en changer avant qu'il ne
soit vide afin de ne pas boire trop froid, et surtout pour ne pas
inquiéter Serge du fait que je m'alimente beaucoup moins :
du coup je vide discrètement le bidon un peu avant de le rendre. Les
100 miles (soit 161 tours) sont passés en 15h19 (soit plus de 30
minutes d'avance par rapport à 2014). Je me dis que si je bâche un
peu plus loin, je pourrais toujours convaincre l'organisation de
publier ces temps de passage, vu que le chrono 100 miles qualificatif
d'office pour le Spartathlon est de 16h48 (80% de 21h). Mais
je je compte pas m'arrêter en si bon chemin, pas besoin de
bidouilles pour me qualifier ! Ma vitesse se stabilise entre 9
et 9,5 km/h vraiment sans avoir à forcer, ce qui me convient
parfaitement : pas besoin de me rentrer dedans, ce qui
risquerait se se payer plus tard, la route étant encore longue.
C'est ainsi que je suis à plus de 167 km en 16 heures, les deux
tiers de la course sont atteints, et je pourrais quasiment atteindre
les 216 km rien qu'en marchant (49 km en 8 heures), mais je n'ai
aucune envie de le faire (marcher pendant 8 heures...), vu que je ne
marche toujours que dans la zone de ravitaillement, et un tour sur
deux, c'est juste une possibilité « au cas où ».
3
heures du matin, d'ordinaire je ne tiens pas plus longtemps avant de
connaître de petits soucis gastriques, une grosse baisse d'énergie,
de multiplier les arrêts pipi plus ou moins justifiés, bref de
subir la course et de me traîner en attendant que ça s'arrête !
Pour le moment rien de tout cela, je me sens étonnamment frais,
hyper lucide, certes pas dans la zone (que je n'ai connue que deux
fois durant 10-15 minutes depuis que je cours : sur marathon en
2009 et au Spartathlon l'an dernier), mais pas loin. C'est une
sorte de sentiment de sérénité, avec la sensation que rien ne peut
m'arriver, un grand plaisir d'être là et de courir dans la nuit, et
cela fait déjà près de deux heures que ça dure ! Je suis
également assez attentif à l'écran de chronométrage, et je
vérifie souvent que le kilométrage indiqué est identique à mon
nombre de laps (à 0,113 km près). Or, à un moment, je vois qu'il
me manque un km sur ce tableau (pourtant je n'ai pas oublié mon
dossard sur lequel est fixé la puce...), ce qui a le don de m'agacer
un peu, sachant que pour gratter un km sur ce genre d'épreuve il
faut au bas mot s'employer pendant 3 heures. Je le fais de suite
remarquer à la table de chronométrage. Au tour suivant, c'est la
même chose (enfin il manque toujours un tour, pas deux!), mais tous
les tours sont aussi pontés manuellement, donc c'est en cours de
vérification. Il faut que je me reconcentre, je déborde d'énergie,
mais je ne dois pas la dilapider inutilement, d'autant plus que Serge
est au courant et suit l'affaire. Tour suivant... rebelote, bref je
râle à chaque fois et je deviens lourd alors que le tour, après
vérification y est bien, il qu'il me faut juste patienter pour que
ça soit mis à jour au niveau de l'informatique, aurais-je oublié
la patience, une des règles de base en course à pied... ?
Bref, cette histoire dure je ne sais combien de tours, ça a le
mérite de faire passer le temps (je reste tout de même attentif à
mes ravitaillements). Serge part se reposer un peu et passe le
relais à Jean-Jacques pendant ce temps. Je suis sur le point
de briefer ce dernier sur ce tour manquant, pour qu'il ne lâche pas
l'affaire, mais miracle, ça finit par être corrigé, il suffisait
donc d'attendre... Je remercie tout de même les chronométreurs d'un
petit signe. On arrive maintenant à la 17e heure de course, 4 heures
du mat et j'ai franchi les 176 km, à peine 40 km en 7 heures, sauf
blessure c'est dans la poche, il suffit de rester bien concentré !
Jean-Jacques
a maintenant pris le relais de Serge pour m'assister, je
dois dire que J2J, me connaît bien, en fait je n'ai même
rien à demander, c'est simple, il y a toujours tout ce qu'il faut
sur la table de ravitaillement ! Il fait plus frais dehors, mais
je suis bien, et je ne me couvre pas davantage, surtout car quand on
repasse dans le hall (et il doit bien y avoir 150 mètres de couverts
en ajoutant les deux passages), où la température a moins baissé,
ça donne une impression de chaleur. Toujours RAS coté musculaire,
tendineux, ou gastrique. Et surtout, énergie toujours au top,
vitesse stable, je me sens en capacité d'accélérer s'il le
fallait, mais le but est encore loin pour tenter quoi que ce soit, je
profite de l'instant présent et c'est déjà énorme ! Il faut
dire qu'à cette heure avancée la grande majorité des coureurs ne
semble pas partager mon enthousiasme : beaucoup de participants
sont à la marche ou à l'arrêt aux stands, semblant frigorifiés.
De temps en temps il arrive qu'un coureur me double, mais c'est
toujours pour faire une pause un peu plus loin, alors que je ne
m'arrête jamais, mes tours sont entre 6'10'' et 6'30''. Je me force
parfois à boire un peu plus de Saint-Yorre afin d'uriner un
peu pour contrôler la couleur (je stoppe dans un coin bien
éclairé...), je fais ça par habitude et par sécurité, de façon
volontaire et maîtrisée, peut-être une fois tous les deux heures,
tandis que lors de mes courses précédentes, c'était plutôt tous
les deux tours et la teinte transparente (pas bon), alors que là
c'est ni trop clair ni trop foncé. Du coup c'était probablement une
petite perte de temps. Je tourne toujours à la « soupe /
banane », avec une certaine envie pour une binouze, mais cela
se mérite, il me faudra patienter encore un peu ! Bref :
186 km au bout de 18 heures et des ¾ de l'épreuve (restent 30 km à
5 km/h), et tiens donc : 6 x 9 = 54 + 186 = 240, et je tourne
toujours à plus de 9 km/h, mais restons concentrés sur « the
OBJECTIF » : être sur la ligne de départ au pied de
l'Acropole l'an prochain !
5
heures du mat' (et toujours pas de frissons), les concurrents du 2 x
6 heures (moins Sébastien et + J2J donc) s'élancent à
nouveau sur la boucle.
J2J au début de son 6 heures (crédit photo : Serge Milon) |
J'imagine
que ça doit couiner un peu après 12 heures d'arrêt, en fait c'est
presque plus simple de ne pas s'arrêter en route ! Jean-Jacques
me rattrape assez vite bon il n'a pas trop de mérite étant
frais...), et je lui dis que je préfère tourner seul en restant
dans ma bulle (de toute façon, il sait tout ça, mais sera
disponible durant les dernières heures au cas où j'aie besoin de
quelqu'un pour me « tracter » afin d'atteindre tel ou tel
objectif). Il faudra encore patienter plus de deux heures avant le
lever du jour, ça commence à bien cailler, et du coup je troque ma
casquette contre un bonnet. Serge n'a pas encore dû émerger,
mais le bonnet était bien visible sur la table. Je ne sais pas
comment je me démerde, mais j'ai encore les doigts tout poisseux, du
coup bis repetita pour le rinçage des mains. Alors que d'habitude à
ce stade de la course je me fiche un peu d'écourter au maximum ce
type d'arrêt, là je suis attentif à ce qu'ils durent un minimum.
Je zieute aussi l'écran du chronométrage presque à chaque tour,
mais s'il a « freezé » deux ou trois fois, il n'y aura
plus aucune erreur au niveau de la distance affichée. Ma projection
pour le kilométrage final décroît lentement, elle doit encore être
à plus de 245 km, ce qui est quand même un peu optimiste vu ma
vitesse, portant très constante depuis plusieurs heures. Je suis
même attentif à ne pas parcourir de distance supplémentaire, et je
prends au maximum la corde.
193e tour bouclé (crédit photo : Serge Milon) |
6
heures du matin, le décompte a (presque) commencé, presque tous mes
touts sont à plus de 9 km/h (sauf les rares avec une « pause
technique »), et certains à plus de 9,5. Du coup, je suis au
dessus des 195 km en 19 heures de course, et plus qu'un semi pour
parvenir à Sparte Athènes.
Je
n'aurais pas parié un kopeck drachme avant le
départ sur le fait d'être avec un tel kilométrage et dans une
telle forme à ce stade du 24 heures, le LCHF serait-il (au moins)
aussi efficace qu'espéré. En tout cas, toujours aucune saute
d'énergie depuis 6 bonnes heures maintenant, toujours avec un grand
confort musculaire (pas vraiment de douleur, ça travaille sans
plus), un RAS total coté tendineux (d'habitude ça commence à
couiner), sans parler de l'estomac (le maître du jeu), qui n'a en
fait pas trop de travail à fournir vu le peu de calories avalées,
idem pour les reins car je bois également moins qu'avant. Je pensais
aussi souffrir du froid en prenant peu de calories, mais ça n'est
pas du tout le cas : d'une part je suis bien couvert, et il y a
assez peu de vent. Je n'éprouve pas le besoin de mettre des
collants, mais si j'ai toujours été frileux au niveau du haut du
corps, ça n'est pas le cas pour le bas, le short est parfait. Par
contre je préfère mettre des gants avant d'avoir froid aux mains,
car on peut perdre pas mal de chaleur par là. Les 200 bornes
approchent, c'est toujours un grand moment pour un circadien de
passer cette marque, et c'est un objectif pour beaucoup. Je commande
ma bière 3 tours avant (ça tombe bien j'en ai un peu marre de ma
soupe, mais je n'ai pas envie de sucré pour autant, mais de bière
si!). Chaque bière n'est pas prise en plus, mais remplace un
ravitaillement normal (boisson énergétique ou morceau de banane).
Et hop : 200 bornes en 19h30 (nouveau RP, et de loin), cette
binouze est bien méritée, et désormais la cadence « houblonnée »
va s'accélérer, vu que la suivante n'est que dans 16 km !
Celle-ci, servie par Serge,e st encore meilleure que les deux
premières. Chaque bidon me fait plus de 10 tours et il en reste pas
loin de la moitié quand je le vide (discrètement) avant d'en
changer. Je ne cède toujours rien sur mes zones de ravitaillement,
tout juste si la marche est un peu plus lente qu'au début.
Sortie de la zone de ravitaillement (crédit photo : Serge Milon) |
7
heures, il fait toujours nuit, même si on devine une petite lueur
dans le ciel, c'est un peu brumeux le long du Cher,
mais le vent se lève un peu par moment, ce qui va chasser assez vite
l'humidité, mais du coup la sensation de fraîcheur s'accroît. J'ai
un peu plus de 204 km au compteur, il reste 4 heures de course, et 12
km pour les 216, ça doit être jouable même avec une grosse tuile,
mais il vaut mieux rester prudent tant que la ligne d'arrivée
ces p.tains de 216 km ne sont pas atteints !
4 dernières heures : un peu dans le dur, mais sans lâcher
grand chose
J'avoue
que je commence à penser de temps en temps aux 240 km, mais je
chasse pour le moment cette idée, car mon premier objectif n'est pas
encore tout à fait atteint, et croire que c'est dans le poche
pourrait bien me conduire à une belle désillusion (j'ai encore en
mémoire ma dernière heure à Champigneulles...). Car avec
l'arrivée de l'aube, je ne ressens point, ou du moins pas encore, de
second souffle, mais au contraire la fatigue qui s'installe
progressivement. Certes ma vitesse ne baisse pas (la plupart des
tours sont effectués entre 6'15'' et 6'35''), mais je dois commencer
à m'employer pour maintenir l'allure, alors que toute la nuit ça
« roulait » tout seul. Le confort digestif est toujours
présent, toujours aucune gêne tendineuse ni mal au dos, mais la
foulée se fait moins fluide, les muscles ne sont pas douloureux,
mais je suis moins détendu. Il fait jour, et c'est plus agréable
pour voir où on met les pieds (le circuit n'était pas très bien
éclairé partout, même si la luminosité était suffisante pour ne
pas avoir besoin de frontale). Alors que jusqu'à présent, je
profitais de l'instant et de mes excellentes sensations, sans trop me
préoccuper de ma vitesse ou du temps restant, je commence à
regarder l'heure sur ma montre pour savoir combien de temps il reste
à courir. J'ai même constaté que l'heure coïncidait à la seconde
près avec le chrono, c'est dire si les organisateurs ont été
ponctuels lors du coup de feu ! Plus de 213 km en 21 heures, je
commence à envisager sereinement les 230, voir les 235 km, par
contre les 240 bornes me semblent encore loin, vu que je ne pète
plus la forme !
Il
fait toujours très frais, mais le vent s'est calmé, du coup
j'enlève mes gants, et vu que le soleil est sorti pile au bout de la
longue ligne droite le long du Cher, je reprends ma casquette
par dessus le bonnet (ça caille quand même bien) pour ne pas être
aveuglé car la brume s'est entièrement dissipée. Étienne
est de retour sur le
circuit pour amener son total à 100 km (je lui fais la réflexion
qu'en réalité il a du courir un peu plus d'un km par tour...). On
ne l'a pas vu de la nuit, il a du bien dormir, mais il enchaîne
quelques tours rapides en mettant à nouveau pas mal d'animation sur
le circuit. Le coffre de son open
bar véhicule
est d'ailleurs de nouveau ouvert !
Ravitaillement sauvage... (crédit photo : Serge Milon) |
C'est
pas tout ça, mais ça finit par donner soif, et c'est justement
l'heure de ma 3e binouze, la meilleure en fait, car c'est celle des
216 km, synonyme du Graal : une qualification pour le
Spartathlon 2017 (valable aussi en 2018). Cette marque est
atteinte vers 8h15. Je déguste la boisson houblonnée (un ouzo eut
été plus approprié), cette course est désormais réussie.
Et voici le gros lot !
Et voici le gros lot !
Je
fais le point rapidement, il reste 2h45 de course pour faire :12
km (pour 228 km et améliorer ainsi mon RP 24 heures), 14 km (pour
230 km), 19 km (pour 235), et pourquoi pas 24 km (pour 240). Cette
bière ainsi que la satisfaction de l'objectif principal rempli me
reboostent pour un moment. Je m'interdis également toute pause
technique jusqu'à la fin de l'épreuve, ça sera toujours ça de
gagné ! Mais j'ai désormais davantage de mal à changer mes
trajectoires pour doubler, du coup je crie à l'avance « attention »
s'il y a deux marcheurs (et parfois trois...) côte à côte pour
qu'ils me laissent un passage (je crois qu'en fait j'ai peur de rater
les 240 pour quelques mètres).
Jean-Pierre Guyomarch et Patrick Alvarez (crédit photo : Serge Milon) |
Karine Zeimer (1ère féminine) et Pascale (crédit photo : Serge Milon) |
Valery -dossard 236- (crédit photo : Serge Milon) |
222 km (crédit photo : Serge Milon) |
La
prévision de l'écran du chronométrage est maintenant passée sous
les 245 km et se rapproche dangereusement des 240. C'est deux heures
avant la fin que je réalise vraiment que je suis capable de faire
ces 240 km car j'en suis alors à 223, et 17 / 2 = 8,5 et je tourne
toujours à plus de 9 de moyenne. On commence à me motiver pour les
faire cas 240, aussi bien Serge, que Rémi Bonnotte qui
coache Karine, ou encore Jean-Jacques qui à chaque
fois que je le croise me disait « 230 », puis « 235 »,
et maintenant « 240 ». Je réponds « 235 »,
même si je pense aux 240, ça porte la poisse sinon.
Je
décide tout de même d'une petite carotte intermédiaire avec une
bière à 228 ou à 230 km, j'opterai finalement pour le compte rond
de 230. J'hésite sur le conduite à adopter entre ralentir un peu
pour assurer les 240, ou tenter d'augmenter progressivement l'allure
pour faire la meilleure marque possible. Vu que je n'avais aucun
objectif supérieur à 240 km (et encore j'osais tout juste y
penser), et que je suis une feignasse, j'opte rapidement pour la
première solution (le moindre effort), du coup, ma vitesse devenant
trop faible (et je n'ai pas travaillé d'allures aussi basses à
l'entraînement), ma foulée se dégrade, n'est plus du tout
dynamique, je me laisse aller, et je commence à pencher légèrement
sur le coté (un peu comme à Champigneulles, mais beaucoup
moins, et surtout sans aucune douleur au dos, juste la fatigue).
Serge s'en aperçoit et me le dit, je me redresse jusqu'à ce
que je ne fasse plus attention, et ainsi de suite. Finalement ça se
réchauffe un peu, j'enlève le bonnet puis le coupe vent sans
manches. J'hésite un moment à me remettre en t-shirt pour finir (ce
que certains ont fait), mais la perspective d'avoir à accélérer
pour me réchauffer m'incite à rester bien au chaud à mon train de
sénateur, alors que j'ai encore un peu d'énergie. Serge me
sert ma dernière bière (enfin la dernière pendant la course, car
ça serait un peu juste pour une autre au 240e), il me reste 1h15
pour parcourir 10 km. Le maire de Vierzon est déjà sur
place, c'est un passionné d'athlétisme, et il est resté en tout
plusieurs heures sur le circuit, ça change de pas mal d'élus
locaux, et même de pontes de la FFA, qui ne passent qu'en coup de
vent au départ ou lors de la remise des récompenses. Je suis bien
encouragé à chaque tour par les bénévoles et les assistants,
ainsi que les autres concurrents. Les 232 km sont dépassés à une
heure du coup de feu final : moins de 8 km à faire dans
l'heure, sauf incident...
Plus
ça va, et plus je me traîne, et je tourne désormais entre 6'35''
et 6'55' au tour, en fait je multiplie mon temps au tour par le
nombre de bornes restant pour atteindre 240, et vu que c'est
suffisant, je ralentis... Je pense que ça m'aurais fait du bien
qu'il me manque un tour à ce moment là pour m'exciter un peu !
Je ne savoure pas pour autant, j'ai juste envie d'en finir. Chaque
tour me rapproche de l'objectif car je ralentis tout de même moins
vite que si je visais pile ces 240. L'ambiance monte, et avec le
soleil, je pourrais presque m'imaginer sur les rouets du Péloponnèse
sur le bout de route le long du cher (sauf coté température). 238
km, je prends mon dernier ravitaillement, et je balance mon porte
bidon sous la barrière en repassant dans le hall, ça m'allège un
peu. Les autres coureurs ont déjà pris leur témoin numéroté
(qu'il faut poser au sol au coup de pistolet final). Je commence un
peu à me relâcher et à retrouver ma sérénité.
Bientôt 240 km ! (crédit photo : Serge Milon) |
239e
tour, il reste presque 15 minutes, je décide à ce moment de faire
encore 2 tours et quelque. Un officiel me suit à vélo pour voir où
je vais stopper, et du coup je n'aurai même pas à transporter mon
témoin. Tout cela, et la perspective d'en terminer rapidement me
fait enfin accélérer et c'est en fait plus facile (c'est con,
j'aurais du faire ça plus tôt). Je savoure vraiment cet avant
dernier tour, celui des 240. Je lève le poing en le terminant sous
les applaudissements, il reste un peu plus 8 minutes, du coup
j'accélère encore en douceur (sans abuser je en suis même pas à
10 km/h) pour boucler le 241e (et dernier) tour. Le premier coup de
feu retentit alors que j'ai dépassé la zone de ravitaillement,
l'officiel me dit « encore une minute », et j'ai presque
le temps de terminer la petite boucle pour revenir dans le hall
lorsque le second coup marquant les 24 heures de fait entendre. C'est
fini : 241 km et des poussières. Je laisse le juge mesurer ma
marque précise et je préfère ne pas m'arrêter pour me diriger en
marchant lentement vers le hall et notre table. Je ne le réalise pas
encore vraiment, mais le week-end est plus que réussi !
Après-course
Je
sais que ça sera dur de me relever et de marcher après, mais je
suis tout de même bien fatigué, et je m'assois pour déguster une
bonne bière bien méritée ! Jean-Jacques m'append ma
marque exacte : 241,175 km. En fait c'est la meilleure marque
française en 2016 (en attendant les 24 heures d'Albi 2
semaines plus tard), et c'est un niveau FFA International B
(ça fait bien, mais il faut avouer que le barème FFA surcote
largement l'ultra...), et avec une simple licence « running »,
c'est un peu clownesque (comme dirait Franck D.).
Enfin du repos ! (crédit photo : Serge Milon) |
Après
de longues minutes de glandage (j'ai la flemme d'aller me doucher et
de me changer, me contentant d'un léger débarbouillage) et de
discussions avec les uns et les autres, Serge et Jean-Jacques
rangent notre matériel, et je me dirige très lentement (mais c'est
moins pire qu'en 2011 où il avait fallu un chariot) vers la salle où
a lieu la remise des récompenses. Je passe d'abord aux toilettes (ça
commençait à urger vu que j'ai fait sans les dernières heures de
course plus la bière), et c'est nickel de ce coté.
J'arrive
juste à temps pour le début des podiums. Après le podium féminin,
nous sommes appelés à notre tour pour recevoir nos coupes des mains
du maire de Vierzon.
Podium entre Franck Milon et Jean-Michel Baud (crédit photo : Serge Milon) |
Cela
fait toujours plaisir de recevoir une coupe, même si je ne cours pas
pour ça. Aujourd'hui c'est d'abord ma qualification pour le
Spartathlon qui me satisfait, ainsi que d'avoir passé les 240
km. De plus c'est ma 3e victoire sur ce 24 heures après 2011 et
2014. C'est toujours bien de confirmer quand on est favori, surtout
que c'est loin d'être acquis sur ce type d'épreuve où il faut sans
cesse se remettre en question pour progresser, et où les aléas de
course sont nombreux : il faut donc en profiter quand les
éléments sont favorables. Dommage pour Franck qui visait les
216 km pour le Spartathlon, j'espère pour lui qu'il sera tiré
au sort en Mars prochain.
Il
y a ensuite un pot et en repas, mais comme d'habitude je ne mange pas
grand chose (l'appétit reviendra le soir, et il me faudra 9 jours
pour rétablir ma balance énergétique) à part un peu de
charcuterie et de viande. Le week-end est passé trop vite et il faut
déjà rentrer !
Remerciements
Je
remercie en premier lieu Serge qui s'est proposé pour
m'accompagner sur ce double tour d'horloge, et j'espère qu'il ne l'a
pas regretté. Il a été à la hauteur, ainsi que pour ses photos,
qui ont pu profiter à tout le monde. Je m'excuse d'avoir été
parfois un peu directif pendant la nuit (ne pas y voir
d'allusions...). Merci aussi à Jean-Jacques qui m'a fait la
bonne surprise de venir, toujours aussi efficace et discret !
Merci
aux organisateurs (je rappelle que les 24 heures du Quai du Cher
continuent au moins jusqu'en 2018, et j'espère plus longtemps), aux
bénévoles (aucune course ne pourrait avoir lieu sans vous), à tous
les coureurs, et à leurs accompagnateurs.
Merci
aussi à ma famille qui me permet de m'entraîner suffisamment, ainsi
que pour les changements alimentaires.
Et
merci aux organisateurs du Spartathlon d'avoir mis la barre à
216 km, ainsi qu'à Philippe Kieffer pour la difficulté de la
météo et du circuit de Champigneulles, vos efforts conjugués
ont payé !
Analyse rapide
Le
premier enseignement est que je ne regrette pas d'avoir changé mon
alimentation et d'avoir opté pour le LCHF, car bien qu'ayant tâtonné
pendant 2 heures à la mi-course, ne comprenant pas trop ce qui se
passait, et ne sachant comment réagir, j'ai finalement trouvé
naturellement la solution qui était de diminuer les apports
énergétiques. Mon organisme, étant habitué depuis plusieurs mois
à utiliser la filière lipidique a alors pu fournir un bon niveau
d'énergie pour le reste du 24 heures.
Ce
24 heures était le plus facile des 4 que j'ai réussis (sur 7 au
total), certes la météo favorable a joué, mais c'est beaucoup
grâce au LCHF que j'ai atteint 20 heures de course avec pas mal de
facilité et beaucoup de plaisir.
Mon
seul petit regret est d'avoir trop ralenti sur la fin. D'ailleurs ma
dernière heure est la seule à moins de 9 km/h de moyenne (8,9), ce
qui m'empêche d'atteindre les 150 miles (241,402 km) pour 227
mètres, ce qui aurait sans doute été mon objectif de fin de course
si j'y avais pensé avant ou s'y j'étais américain, car pour eux
c'est une barre mythique comme peut l'être 240 km pour nous. En
m'employant davantage sur les 4 dernières heures, j'aurais sans
doute pu gratter un kilomètre.
Par
contre, aucun regret pour le début de course un peu rapide qui m'a
ensuite permis de gérer assez sereinement les kilomètres engrangés,
même si quelques dixièmes de km/h en moins m'auraient sans doute
permis de réaliser une marque légèrement meilleure au final.
Pour
ce qui est de l'alimentation en course, outre le fait de passer sur
quelque chose de plus naturel (jus de raisin, graines de chia, miel,
vraie soupe de légumes, bière, … en plus des bananes et à la
place des boissons énergétiques), je pense baisser l'apport
énergétique à ~80 Kcal par 10 km, soit à peine 2 000 Kcal
pour un 24 heures, alors que j'estime à 2 400 Kcal mes apports
sur cette course (contre 5 500 Kcal en 2011 pour 14 km de
moins...!), mais répartis de façon sans doute inadéquate (plutôt
120 par 10 km au début et 70 sur le 2e moitié de course). En
estimant que ma dépense calorique a été d'environ 14 000 Kcal
dans les deux cas, cela fait 17% cette année contre 39% en 2011, on
peut dire que ces % correspondent à peu près à la part des
glucides dans la production d'énergie, ce qui montre bien
l'augmentation de la part de la filière lipidique (83% vs 61%). Il
doit être possible de progresser encore (alimentation, entraînement,
gestion de l'allure), pour approcher les 90% sur les lipides.
D'ailleurs, un avantage marginal du LCHF, est que du fait de bien
moins s'alimenter, je n'ai pas eu envie de « grosse
commission » contrairement à toutes mes courses précédentes
où le système digestif était mis à rude épreuve !
Par
rapport à 2011, j'ai également moins bu, même si la différence
est moins spectaculaire que pour l'énergie (15,5 litres vs 17,5
litres), la différence étant probablement due à la multiplication
des pauses techniques en 2011... La rétention d'eau a été elle
aussi quasiment inexistante (pas de gonflement au niveau des doigts
ou des jambes), mais je ne sais pas si c'est dû au LCHF ou au fait
d'avoir été attentif au niveau du sodium (ajout de sel à la
boisson énergétique + Saint-Yorre).
Outre
l'aspect digestif, le confort en course est également du à la quasi
absence de douleurs tendineuses et articulaires tout au long de ces
24 heures, ainsi qu'à des douleurs musculaires très limitées,
notamment au niveau des quadriceps.
L'estimation
du gain kilométrique obtenu grâce au LCHF est un exercice
difficile, tant les facteurs de la performance sont nombreux sur ce
type de course. Ce gain est essentiellement du au confort en course
(quasi absence de douleur, confort digestif), ainsi qu'à la nette
diminution des arrêts pipi dans mon cas. Il est clair qu'un coureur
parvenant à se faire mal sur une dizaine d'heures obtiendra sans
doute un moindre gain, même s'il souffrira moins. J'estime que j'ai
effectué 8 km de plus grâce au LCHF (ce qui colle avec l'estimation
de mon potentiel à la fourchette 230 – 235 km), gain obtenu
essentiellement sur la seconde moitié de la course (en fait ça m'a
permis de bien encaisser un départ rapide). Il doit être possible
de gagner encore quelques km pour approcher les 245 (mais encore
faudrait-il être dans la même forme au départ et avec une aussi
bonne météo).
La
raisonnement est qu'en LCHF, moins on va vite, et moins on a besoin
de s'alimenter (ce que j'ai mis un peu de temps à comprendre pendant
la course, habitué que j'étais à faire l'inverse...), vu que la
part des lipides devient ultra-majoritaire, alors qu'en HCLF, on a
toujours besoin de pas mal de glucides, même à faible allure, et
que le stock de glycogène, même blindé par une recharge
glucidique, soit s'épuise à la longue si on ne mange pas assez,
soit s'équilibre, mais au prix d'un gros effort du système
digestif. Du coup, sur un 100 km, le glycogène joue encore un rôle
relativement important au niveau du % de la consommation énergétique,
le reste se répartissant entre les apports externes et les lipides,
mais ce n'est pas le cas sur des durées plus longues. Je pense
d'ailleurs que ma légère recharge glucidique les jours précédent
la course n'était pas nécessaire, et même un peu contre productive
(pour la filière lipidique), l'allègement progressif de
l'entraînement au cours des 3 dernières semaines étant bien
suffisant pour reconstituer les stocks. C'est une histoire de
réservoirs et de débits qui différent selon l'entraînement mais
surtout selon l'alimentation. Billet à venir sur le sujet sur ce
blog, qui viendra mettre à jour celui sur l'hydratation et
l'alimentation en course (qui est uniquement valable en HCLF...) en
faisant des comparatifs en fonction non seulement des durées de
course, mais aussi de la capacité à oxyder les lipides !
Perspectives / Courses à venir
Je
vais donc poursuivre dans cette voie (LCHF), et tester une
alimentation davantage naturelle en course (idées bienvenues
d'ailleurs sur ce qui peut être pris en liquide ou solide, et si
possible facile à conditionner). L'objectif est toujours de mieux me
connaître, et que la course soit la plus facile et agréable
possible (ainsi que l'entraînement), la performance étant
uniquement une conséquence, et non un objectif en soi.
Si
mon principal objectif pour 2017 est évident (Spartathlon les
29 et 30 Septembre), reste à déterminer quoi faire d'ici là. Je
pense faire deux ou trois 10 km et un semi entre Janvier et Mars.
J'hésite encore entre un marathon et un 100 km au printemps, sachant
que le marathon en performance me semble risqué en LCHF (voir même
le semi), et que j'aimerais bien tenter un sub-8H sur 100 bornes
(dans ce cas Chavagnes s'impose), mais que j'aime bien Belvès,
qui plus tôt dans la saison, permet éventuellement un autre
objectif en Juin (pourquoi pas le Grand Raid du Golfe du Morbihan,
histoire d'aller titiller les traileurs sur un terrain mixte...). Le
soucis étant que le Grand Raid du Golfe n'est pas compatible
avec les 100 km de Mécleuves que j'aurais bien aimé courir,
car j'avais déjà manqué la première édition il y a 2 ans. Bref,
il y a le choix, et j'ai encore du temps pour me décider.
Je
devrai également trouver une course de 100 km (ou équivalent en
course horaire), environ un mois avant le Spartathlon pour
remplacer les 100 km de Theillay, sinon j'opterai pour un
grosse sortie « off » d'une dizaine d'heures.
Je
peux maintenant en parler (c'est déjà fait sur le forum ADDM), mais
je m'étais promis de monter sur 6 jours dès que j'aurais réussi
235 km sur 24 heures en terminant en bon état. Je m'intéresse en
fait au sujet depuis plusieurs années, mais je le gardais pour moi.
Je pense éventuellement démarrer par un 72 heures pour voir si ce
format me plaît vraiment (il y a toujours une belle différence
entre le rêve et la réalité du terrain...), et sans me prendre la
tête, juste avec quelques grandes lignes à suivre au niveau allure,
sommeil, et alimentation. Il est d'ailleurs possible que je
m'inscrive au 72 heures à Privas dès 2017 dans le cadre des
6 jours de France. Si la date est la même que cette année,
ça n'est que 3 semaines après le Spartathlon, mais le but
sera uniquement de voir et d'apprendre en vue d'un 6 jours complet en
2018, et pas de faire une perf.