Départ de Paris vendredi matin avec Jean-Jacques (J2J) mon accompagnateur vélo, déjà expérimenté en la matière (l'an dernier il avait suivi Didier sur les 100 km de Theillay et m'avait assisté durant les 24H de Vierzon) et Anisse, un jeune coureur prometteur (2H39 sur marathon et 8H24 sur 100 km).
Nous arrivons dans la Dordogne en fin d'après midi après avoir déjeuné sur la route près de Theillay justement (sandwhich et une tarte Tatin -spécialité locale- avec une petite bière). Nous empruntons la fin du circuit pour parvenir à Belvès, ça grimpe bien sur la fin même en voiture!
Après s'être garés sur le parking du collège où nous allons dormir, direction le centre du village à 800m de là pour le retrait des dossards. Nous retrouvons Vincent70 avec son fils qui l'accompagnera. Puis nous nous rendons vers la ligne de départ où nous rencontrerons quelques autres ADDM, Gouzy et Renaud notamment. Le temps passe vite et c'est déjà l'heure d'aller à la pasta où Ana et Pierre-André se joint à nous. A part les pâtes bien trop cuites (seule fausse note du weekend!), le repas est excellent, je suis raisonnable et je me contente d'un petit verre de rouge.
Nous rentrons au dortoir du collège (chambre de 4: Gouzy, Renaud, J2J, et moi). Courant sans suiveur, Renaud et Gouzy préparent les boissons énergétiques qui seront déposées par l'organisation aux points de ravitaillement voulus. Dernier briefing avec J2J concernant les ravitos (j'avais déjà préparé des sachets zip avec une dose d'Effinov Hydraminov de 25g par tranche de 5 km).
Le parcours et ses châteaux (Gouzy en médaillon) |
Le "Roadbook" |
Extinction des feux avant 23H et réveil à 5H30. Je m'endors assez rapidement et me réveille en forme.
Jour de course
Comme il fait très frais (4 °C), je vais partir avec gants, bonnets, maillots manches longues et coupe-vent du club. Les dossards (avant et arrière obligatoires) sont fixés sur une ceinture porte-dossard, ce qui est plus pratique pour changer de tenue.
Coté chaussures, j'avais un moment hésité à prendre des chaussures assez légères (Asics DS-Trainer), mais j'ai finalement joué la sécutité en utilisant des Asics GT-2150 (ancien modèle acheté en solde) car elles m'avaient donné entière satisfaction sur 100 bornes et sur 24 heures.
Je prends également une ceinture porte bidon avec un bidon de 600 mL (avec 500 mL avec 50g d'Hydraminov menthe afin d'être autonome jusqu'au ravito d'après la point de RDV des suiveurs, soit vers le 11e km).
Comme d'habitude j'ai mon cardio avec accéléromètre permettant d'avoir une vitesse instantanée assez fiable ainsi que la fréquence cardiaque (peu utile car il ne fera pas chaud).
Direction la zone d'arrivée pour un petit déjeuner ultra léger (café, 1/2 tartine), banane. Je boirai ensuite 30 cl d'Hydraminov (20g) histoire de démarrer la course en équilibre énergétique.
Nous nous rendons ensuite dans la zone de départ où les accompagnateurs vélo se regroupent pour prendre vers 7H15 la direction du point de jonction (peu avant le km 10).
J2J parti, je discute avec quelques connaissances, puis après les vidanges d'usage, il est temps de se placer derrière la ligne de départ. Je me place relativement devant, plutôt pour voir un peu les favoris que par volonté de bien me placer! Nous devons être pas loin de 1000 en comptant les concurrents du 50 km.
Il fait froid mais beau à la hauteur du départ, mais on devine des nappes de brouillard dans la vallée. Je suis toujours aussi décontracté mais concentré, et j'ai hâte d'en découdre avec ce superbe parcours.
30 premiers kms brumeux et roulants
Le départ est donné avec une petite minute de retard (Jean-Marc Bordus est arrivé à la bourre).
Le départ (Gouzy en tête à gauche!), source : Remy Jegard |
Vers le 9ème km, c'est la jonction avec les vélos, Yann retrouve son accompagnateur et je rejoins un J2J très concentré. Le premier échange de bidons a lieu au 11e km. En début de zone, je me mets à marcher, j'échange mon bidon vide avec celui préparé par Jean-Jacques (rempli à 250mL)que je bois à moitié, je continue à marcher pour bien me relâcher jusqu'à faire 40" de marche en tout avant de relancer tranquillement, puis je regarde l'heure et j'ajoute 12' pour savoir quand aura lieu ma prochaine pause.
Nous mettrons un point d'honneur à respecter les zones à chaque ravitaillement, que ça soit pour les bidons ou les changements de tenue.
Les positions sont désormais stabilisées, chaque coureur trouve son rythme. Il doit bien y avoir encore 6 ou 7 féminines devant nous. C'est un peu un point de repère pour moi, si je cours bien, je devrais plus ou moins être avec la tête de course femmes sur la fin.
J'effectue quelques pauses techniques en ce début de course (après le 25e ça se calmera), le temps est frais. Au ravito suivant j'enlève mes gants et j'échange le bonnet contre ma casquette.
Vers le 20e km? Avec Yann (N°69), source : Remy Jegard |
Le brouillard commence à se lever, et les paysages somptueux du Périgord se dévoilent au regard: eau, verdure, et pierre des châteaux. Ce régal sera quasi continu jusqu'à l'arrivée, il y a peu de portions monotones.
La "routine" des ravitaillements s'installe. Comme J2J s'occupe tranquillement de préparer mon bidon suivant au ravito officiel (et de se ravitailler lui-même), il ne me rejoint que 10 minutes plus tard (bon il doit bien papoter un peu aussi...), ce qui explique que je suis seul sur les photos.
A l'approche du 30e km, j'enlève mon coupe-vent un peu avant les premières difficultés car la température monte un peu et les premières côtes vont de toute façon se charger de nous réchauffer. Je mets également mes lunettes de soleil. Sur ces 30 premiers kilomètres, les temps de passage prévus sont respectés à la minute près (30e en 2H32 de mémoire).
27 kms vallonnés et cassants
La première bosse un peu sérieuse est située vers le 31e km. Là je me remémore une phrase de Gouzy "Belvès ça monte et ça descend entre le 31e et le 58e, le reste (à part la côte finale) c'est roulant". Je grimpe donc en petites foulées en me bridant car je me sens vraiment bien, le cardio ne dépasse guère les 80% FCM. Yann préfère me laisser filer (il fera une bonne course malgré son état pour terminer en 9H10).
Dans les descentes, je me retiens encore davantage car sur ce type de parcours cassant, les descentes peuvent rapidement faire mal aux cuisses.
Nous commençons de remonter des coureurs du 50 km, mais aussi quelques uns du 100 km partis trop rapidement.
Vers le 35e, cette succession de petites bosses cesse, mais fait bientôt place à un faux plat interminable sur une piste cyclable encaissée dans la forêt. C'est une des rares partie peu agréables (et la plus longue de loin). C'est même assez usant mentalement et je commence à avoir (très légèrement) mal aux quadris.
Je passe au marathon en 3H35/3H36 (3H33 prévus), les difficultés m'ont ralenti un peu plus qu'estimé, mais j'avais déjà dans ma tête revu mon objectif à 8H45 depuis quelques km, donc tout va bien.
A chaque passage à une borne (tous les 5 km), je demanderai à J2J quel était le chrono prévu pour voir si je ne perds pas trop de temps.
Je dépasse aussi sur des féminines du 100 km, mais je ne m'attendais pas à rejoindre la tête de course aussi vite. Vers le 45e, nous apercevons la voiture ouvreuse des filles que nous dépassons à la faveur d'un ravitaillement (la première semble être blessée).
Il y a un dernier faux plat assez long avant la mi-course à Sarlat qui est dur pour les demi centbornards, mais leur arrivée est en vue, à eux les binouzes dans quelques minutes! Pour les autres, ça attendra bien quelques heures.
Puis c'est la mi-parcours, atteinte comme voulu dans un bon état de fraîcheur, il faut dire que le course n'a pas vraiment commencé.
Les coureurs du 50 km en finissent à gauche, nous continuons notre périple sur la droite.
Je dois passer un peu au delà de la 50e position à la mi-course et en 4H17 (4 minutes de plus que prévu).
La grosse montée est sur la droite vers le 51e, je l'aborde tranquillement, en fait je pensais que ça serait plus pentu, ça monte relativement vite et je me freine toujours. Jean-Jacques me rejoint alors que je suis déjà dans la descente. Vu que je pensais que cette côte serait beaucoup plus longue, je lui demande si la grosse montée du milieu de course est plus loin, mais il me dit que c'était celle-ci! En fait, la succession de longs faux plats avant Sarlat nous avait déjà fait monter pas mal, par contre la descente va s'avérer assez longue avec quelques passages bien pentus dans lesquels je m'évertue à m'économiser musculairement, même si la douleur est assez légère, car c'est bien trop tôt pour se lâcher!
Le profil sera descendant jusque vers le 58e km. Je me change pour un maillot manches courtes et j'ôte le cardio car il commence à me gêner, la FC est largement correcte et les principales difficultés sont passées.
Un dernier marathon assez roulant
Nous passons au 60e en 5H11 (7 minutes de retard, mais je crois que j'ai bien fait d'être prudent dans la partie vallonnée). C'est encore jouable pour les 8H45, mais il ne fait plus rien lâcher. Je garde une vitesse de course légèrement au dessus des 12 km/h sans trop d'effort.
C'est par là que nous rejoignons Seb qui semble à la peine (il était curieux de voir qui était J2J, eh bien c'est fait!). Nous ferons quelques centaines de mètres ensemble, et il me laisse filer en m'encourageant, bravo ça rigolera mieux la prochaine fois!
Vers le 65e, le circuit fait une boucle et on peut voir les coureurs quelques km devant (J2J a aperçu Vincent70). Je rattrape Alain Grasset qui terminera 2e V3 en moins de 9H (et en solo!). D'habitude c'est lui qui me double en fin de course (à Chavagnes et à Millau il m'avait fait le coup!). C'est bon signe pour moi, je le passe non sans lui avoir souhaité bonne route.
Après cette boucle, le paysage est assez sauvage et vraiment beau!
Castelnaud (km 71), source : perigord-etoile.fr |
Castelnaud vu par les coureurs..., source : perigord-etoile.fr |
Comme il fait plus doux et que le rendement commence à baisser un peu, je demande à J2J de mettre 300mL au lieu de 250 dans le bidon, et je bois aussi quelques gorgées de Saint-Yorre à chaque ravito.
Au 75e, il y a un raidillon (Château des Mirlandes) d'à peine plus de 100m que j'ai intégralement grimpé en marchant, c'est de loin le point le plus "raide" du circuit en montée.
Je suis un peu plus à l'ouvrage, je regarde moins le paysage, mais pas au point de me mettre dans ma bulle, cela reste agréable, pourvu que ça dure!
Je rejoins Anisse vers le 80e (depuis que c'est roulant je ne perds plus rien au niveau chronométrique). Il a l'air pas trop mal et nous courrons "ensemble" pendant une dizaine de km. En fait il progresse par "à coups" et je reviens à chaque fois au train, mais ça m'aide à tenir 12, voire 12,5 km/h en phases de course. Nous doublons Max Galim (performant V2 de l'EHA club de Mickaël Boch) qui n'est pas au mieux mais s'accroche.
Les quadris sont un peu plus durs, mais la douleur est largement gérable, bien plus qu'à Chavagnes! Certes la reprise de la course est un peu moins fluide (il me faut 30" à 1 minute pour retrouver ma vitesse de croisière), mais je me pose quand même la question d'accélérer un peu pour faire 8H40, mais j'ai peur d'exploser et en fait pas trop envie de me faire mal avant la grimpette finale.
J2J est toujours aux petits soins, il me propose même une bière, mais il la boira lui-même car je ne veux pas prendre de risque vu que tout baigne au niveau carburation.
Depuis la mi-course et même avant, c'est une belle partie de packman, et c'est assez motivant d'avoir souvent des coureurs en point de mire.
C'est donc en assez bon état que j'arrive au 90e en compagnie d'Anisse qui titube en allant vers le poste de ravitaillement... En fait il vient d'être victime d'une belle hypoglycémie et arrivera à Belvès près d'une heure après moi.
Contrairement à mes précédents 100 km, je ne décompte pas les bornes et ne n'ai pas entamé mes ressources mentales, je suis juste attentif à regarder si je ne perds pas de temps pour pouvoir rentrer en 8H45. Depuis le 90e, je sais que ça devrait le faire, et plus encore au 95e, il faudrait vraiment que je me traîne dans la côte d'arrivée.
Dans ce secteur, je doublerai Pascal Giry, un des favoris de la course qui est en pleine galère et mais qui m'encourage quand je passe! Bravo champion, je l'ai applaudi au passage car c'est beau d'avoir le panache de simplement terminer quand on espérait bien mieux.
C'est dans cet état d'esprit un peu calculateur que j'aperçois de loin Vincent70 et son fils. Je ne m'attendais vraiment pas à le rattraper, ce qui est fait au 97e. Vincent n'est pas bien depuis pas mal de km et se remet à marcher, ça tombe bien c'est ma pause Cyrano et je l'invite à me suivre quand je redémarre, il reste à peine plus de 2 km, et ça serait une belle satisfaction de finir ensemble.
Vincent70 et son fiston, source : perigord-etoile.fr |
Une belle grimpette pour terminer
Peu après le 98e, la route s'élève en lacets vers la ligne d'arrivée que l'on aperçoit d'en bas. Au pied de la côte, un speaker annonce les positions. Jean-Jacques m'a dit qu'il y avait Jean-Marc Bordus au bord de la route qui m'a encouragé, mais je ne l'ai pas vu sur le moment. La pente n'est pas démente (7-8% ?), mais sur la fin ça paraît plus.
Dans la dernière côte, plus qu'un km, source : Infosport Loiret |
Par contre devant il y a deux coureurs, j'en reprends un rapidement, mais l'autre (Alex Forestieri que j'avais en point de mire depuis quelques km) a encore des ressources et ne me laisse pas revenir.
Encore 100 mètres, le speaker sur la ligne annonce mon nom, je lis 8H43 sur le chrono officiel, c'est gagné!
Accessoirement, je termine 27e au scratch et 23e aux France (à comparer avec 60e à Chavagnes en 2010), et je j'améliore mon record personnel de 13 minutes, ce qui compte tenu du parcours me laisse espérer un 8H20 sur un 100 km roulant.
Après course
Après avoir repris mon souffle, je rejoins J2J et on se congratule. J'attends ensuite Vincent70 qui arrive quelques minutes plus tard (passé au sprint par Max Galim).
Gouzy arrivera peu après main dans la main avec Pascal Giry. en réussissant pleinement son objectif de passer sous les 9 heures (et en solo) à Belvès. Un grand bravo, tu l'as amplement mérité!
Pendant que J2J profite du fait qu'il n'y a encore pas trop de coureurs chez les kinés pour se faire masser en prévision du MDP du lendemain, je me dirige vers le buffet pour prendre deux bières et discuter avec Vincent70 très philosophe et tout de même content de sa journée passée avec son fils. Il ne veut pas de binouze, et je ne me fais pas prier pour boire les deux.
Tout le monde rentre petit à petit.
ADDM à l'arrivée, de gauche à droite : PA77, J2J, Seb, Gouzy, Renaud45, JP75018, Gulliver1 |
Comme nous devons rentrer sur Paris dans la nuit, nous prendrons le repas périgourdin assez tôt (double ration pour moi et deux verres de rouge seulement car je dois conduire, dommage...). Nous dînerons à coté d'un fringuant nonagénaire qui venait de terminer le 50 km en moins de 9 heures!
Nous partirons vers 22H30 pour arriver à Paris vers 5H après 2 mini siestes sur l'autoroute, juste à temps pour que Jean-Jacques puisse prendre le départ du Marathon de Paris.
J2J au MDP vers le 37e km (3H43 sans forcer avec 1H de sommeil!) |
Rendez vous à Feucherolles, à Golbey, et à Tihany (Lac Balaton).
Enregistrement Polar (rouge: FC, bleu: vitesse, gris: altitude, vert: cadence) |
Encore une épreuve longue distance rondement menée comme tu sais si bien le faire.
RépondreSupprimerBravo Jean Philippe et merci pour ce récit qui nous permet de partager ta course.
Bravo à ton suiveur Jean Jacques sans qui cela serait probablement bien plus compliqué!
Au plaisir de te croiser à nouveau sur une course.
Emmanuel
Quel duo de choc ! Un vrai petit couple :D Bravo, mille bravos pour cette course maîtrisée de bout en bout. Chapeau !
RépondreSupprimerBonjour félicitations pour votre blog, très instructif pour un novice comme moi.
RépondreSupprimerBravo pour ces 100 kms de Belvès.
J'ai une ou deux questions à propose de votre alimentation / hydratation:
- Y a-t-il une part d'alimentation solide qui s'ajoute à votre boisson de l'effort?
- cette boisson dont vous vantez les mérites est-elle une boisson de l'effort classique ou est-elle différente des autres?
Par avance merci et bonne continuation dans votre marche vers le spartathlon
Carré de chez carré, comme toujours.
RépondreSupprimerChapeau, JP ! Bravo pour ta gestion de course... au millimètre.
A bientôt en Lorraine, avec ton binôme de choc, pour un petit 24h à 4.
Christophe
Ta gestion de course, la maîtrise de ton stress, la confiance en tes possibilités et tes entraînements sont autant de motivation pour moi ! Encore bravo pour ce beau travail d'équipe avec ton accompagnateur, mais également cette forte solidarité que tu rencontres et vis lors de ces courses ultra. C'est assez magique à lire !
RépondreSupprimerSuperbe course gérée de bout en bout de main de maître !! Superbe !
RépondreSupprimerA te lire cela semble presque facile. Mais lorsque l'on sait tout le travail effectué, c'est vraiment impressionnant !! Chapeau !
très beau compte rendu.. je serais à Chavagnes pour mon premier 10 km.. malgré mes 25 années de licences en HS.. ça fait peur !!! Merci pour ton récit pour prendre les conseils.. Xavier Arques
RépondreSupprimerJe prévois de participer aux 100 km de belves cette année 2015 et suis preneur de tous conseils : ericcourseapied62@gmail.com
RépondreSupprimernotamment pour la préparation
merci pour ce post , beaucoup de plaisir à le lire , et bravo pour cette perf !